Friday, September 30, 2011

Amazon et l'Offre spéciale : le rasoir double lame

Le 28 septembre dernier, les annonces de Amazon ont fait l'effet d'une bombe : Premier prix de Kindle à 79$, Kindle Touch à 99$ et Kindle Fire à 199$ ... de quoi dynamiter la concurrence.
Outre le Kindle Fire, qui n'est pas le sujet de ce post, je préfère me concentrer sur les lecteurs à encre électronique : Kindle et Kindle Touch.

Ce n'est que quelques minutes plus tard que l'explication sur les moyens utilisés pour arriver à ces prix est arrivée : Les tarifs donnée concernent les Kindle fournis avec les "Offres Spéciales".
Ce sont ces "Offre Spéciales" que j'appelle rasoir double lame dans le titre. Pourquoi deux lames ?

La première lame
La première lame, c'est l'annonce et le lancement de cette "promotion" sur le Kindle, lancée il y a a quelques mois (plus de détails ici : 
http://actu-des-ebooks.fr/2011/04/12/kindle-inaugure-la-publicite-dans-les-readers/).

A l'époque, il s'agit bien d'une "ristourne" sur le prix de base, en échange de l'envoi de publicités ciblées (et d'offres commerciales) mais non envahissantes sur le Kindle de l'acquéreur.
Bien sûr, tout le monde s'en est offusqué à l'époque, mais pour autant, cette option a permis à de nouveaux consommateurs de rentrer dans le club des liseurs électroniques.
Cela a également permis à Amazon de garder son Kindle attractif face à la concurrence, pendant qu'ils mettaient au point la génération suivante.

Et donc il y a quelques jours, nous voilà avec ...

La deuxième Lame
C'est un véritable tour de magie qu'il nous a fait, Jeff Bezos... transformer une "offre de second choix" en produit de premier plan. S'il avait essayé comme ça de nous vendre son Kindle à 79$ sans que les utilisateurs aient déjà été habitués à ces "Special Offers", il se serait banané, se serait fait huer par les foules en colères !

Non seulement les Offres Spéciales, ce n'est pas "si grave" (cf les pubs non invasives), mais c'est presque une "valeur ajoutée" pour certains acheteurs grace aux coupons de réductions régulièrement injectés par Amazon (même parfois pour des produits de la "Wish List") ! Sur les forums US, je vois des clients ayant remboursé l'achat de leur Kindle en profitant de ces offres, ou au contraire ayant regretté de ne pas recevoir ces promotions après avoir acheté la version plus chère sans Special Offers.

Vous me direz, c'est pas si terrible que ça, d'être rasé gratis...
Pour les clients, non. C'est sûr. Par contre, c'est pour les concurrents que l'hiver va être dur.

D'un point de vue technique, cette nouvelle gamme Kindle n'apporte pas grand chose d'extraordinaire,  à part le X-Ray, mais j'en reparlerai peut-être plus tard. A vrai dire, si l'on regarde bien et si l'on "ignore" les prix Special Offers, ces readers sont très semblables à ce qui se fait ailleurs, au lien avec la librairie Amazon et son format propriétaire près. D'ailleurs, en dehors des US, je ne pense pas qu'ils vont ressortir outre mesure du tas.

Mais ça coupe ce truc là !
Mais le coup de force est justement qu'aux US, Amazon peut maintenant utiliser cette Special Offer comme un scalpel pour effectuer une "cashectomie" (ablation chirurgicale d'une grande partie du Cash) en forçant les autres acteurs à consentir des baisses de prix importantes sous peine de perdre une trop grosse part de marché. Et oui, alors que cette offre, subventionnée par les annonceurs, ne coûte pas grand chose à Amazon, elle lui permet de baisser le prix  de ses lecteurs à 30 à 40% en dessous des équivalents.

Et enfin, 30 à 40%, quand on est proche des barrières symbolique (comme les 100$ par exemple), ça permet de passer bien en dessous, avec pour preuve le Kindle à 79$... et pour 20$ de plus le Kindle Touch, toujours sous les 100$. S'ils veulent s'aligner, les concurrents vont devoir vider leur trésorerie...

Notez bien que ce coup là, il ne marche qu'aux US, mais comme vous savez, sur le rasoir Gilette, il y a bien plus que 2 lames, et je suis prêt à parier qu'Amazon a déjà les lames 3,4 et 5 dans ses cartons, prêtes à sortir si nécessaire. Allez, quelques idées :
- Recommencer le même chose, mais maintenant à l'international, en utilisant l'exemple américain pour trouver des partenaire "Special Offers" à l'export.
- Prouver l'intérêt de X-Ray, et sortir une utilisation en dehors des possibilités de l'EPub (ceci dit, je ne vois pas à part des brevets logiciels comment), profitant de sa position dominante et de son format propriétaire pour asseoir  d'avantage sa position...

Mais en attendant, en France, on espère Amazon comme un "sauveur" qui démarrera enfin un marché du livre électronique bloqué dans les vestiaires par les Sponsors (éditeurs) trop occupés à parier en douce pour sa défaite...
(voir à ce sujet le très bon post de e-jbb : Faut-il suivre le grand méchant Amazon ?)

Allez, rendez-vous le 8 octobre pour compter les lames de ce rasoir ...

Et vous, voyez vous d'autres lames venir ?

Tuesday, September 27, 2011

What's an ebook's thickness ? A call to every publisher/retailer.

When I bought paper books, I used to have certain buying habits : Cjhecking out the author, the cover and blurb, the book's "format" and its prioce.
I transposed most of these habits to ebooks, but it leaves me deprived of one of those criterias : format.

When choosing a book, I check out it's physical dimensions (width,  height, thickness) and its content : number of pages, fontface size and spacing.This allows me to estimate it's "length" and the time I'll take to read it. I also know from experience that I usually prefer longer works, hence my biasing towards them, but depending on the genre and mood, I can choose some outside of my "security zone".

I know I'm far from beeing alone, even if some readers consider on the contrary that a book's length shouldn't be taken into account when choosing a book. For them, it's the intrinsic quality of a work that matters, with proof "The Old man and the Sea", a masterpiece closer to the novella rather than a novel.

Anyways, for a reader, this criteria is difficult to evaluate for electronic books : usual clues (number of pages, format) loose their meaning.
The file size, too dependent to included graphical/multimedia files, is really tricky and allows unscrupulous writers to "cheat".
The number of physical pages can also be "manipulated" by choosing distinct margins, typesets sizes, and line spacing.
A "locations number" (a la Amazon) is also completely proprietary and artificial.

The most "probant" indicator is for me the words number. Easy to compute and check, for "pure" text, it completely conveys a book's length. On the other side, for readers, used to count in "pages", it has no direct "meaning".

To fulfill this need to assess a book'e length, I suggest to ALL our ebooks providers to converge to a common "ebook standard page" definition, of for example 250 words. I know that 250 words is completely arbitrary, but its rounded, easy to convert to/from, and quite close to what's usually seen on paper.
So please everyone providing/distributing ebooks (publishers, self-publishers, retailers) please add to the description (meta-)data this number of "equivalent pages" (epages ?). This would be a great plus to customers.

Last note : and don't forget, when you compute this number of epages, to NOT COUNT anything not directly related to the book : TOC, author's biography/bibliography, bonuses, other books excerpts etc.)



Monday, September 26, 2011

C'est quoi un pavé numérique ? Appel à tous !

Quand j'achetais un livre papier, j'avais certaines habitudes d'achat : Je regardais l'auteur, la couverture, le résumé, le "format" du bouquin, son prix...
J'ai transposé la plupart de ces habitudes pour le livre numérique, mais l'électronique nous prive d'un de ces indices : le format.

Lorsque je considère un livre papier, je regarde ses dimensions physiques (taille et épaisseur), et son contenu :nombre de pages, taille de police et espacement. Ça me permet de me faire un idée de la "longueur" et du temps que je passerai à le lire. Je sais d'expérience que je préfère habituellement les livres plus longs, et vais donc privilégier ceux-ci, mais selon les genres et l'envie, peu en choisir d'autres en dehors de ma "zone de sécurité".

Je sais que je suis loin d'être un cas isolé, même si un nombre de lecteurs considèrent au contraire que la longueur d'un livre ne doit pas rentrer en ligne de compte dans son choix. Pour eux, ce qui importe c'est la qualité intrinsèque du texte, avec pour preuve "Le vieil homme et la mer", un chef d'oeuvre plus proche de la nouvelle que du roman.

Dans tous les cas, pour un lecteur, ce critère est difficile à appréhender en numérique : les indices habituels (nombre de pages physique, et formatage) ont perdu leur sens. 
La taille de fichier, trop dépendante des fichiers graphiques/multimédia inclus, est très trompeuse et peut donner lieu à des "filouteries" de la part d'auteurs peu scrupuleux, et peut donc déjà être écartée.
Le nombre de pages physiques peut être manipulé, car sans les informations de formattages (police, mise en page), il ne signifie pas grand chose.
Un "nombre de locations" à l'Amazon est aussi complètement artificiel, et peut être écarté.

L'indicateur le plus "probant" est pour moi le nombre de mots. Vérifiable facilement, pour les textes purs, il relaie complètement la longueur du livre. Par contre, le lecteur a bien plus l'habitude de compter en "pages", et un nombre de mots ne lui dit rien. 

Pour répondre à ce besoin d'évaluer la taille du livre, je proposerai donc à TOUS nos amis "fournisseurs" d'ebooks de converger vers la définition d'une "page d'ebook standard" composée par exemple de 250 mots. 
Je sais que 250 mots est tout à fait arbitraire, mais c'est rond, facile à convertir de mots en pages, et assez proche de ce qui se fait sur papier.

Si tous les fournisseurs (éditeurs, auto-publieur, et/ou détaillants numériques) ajoutaient dans les (méta-)données de description des ebooks ce nombre d'"équivalent pages"(épages/epage), ce serait ca de plus pour les acheteurs...

Dernière note : Et aussi, lorsque vous définissez ce nombre de pages, n'oubliez pas d'enlever TOUT ce qui n'est pas directement lié au livre : Sommaire, bonus (extraits d'autres livres etc...)

Saturday, September 24, 2011

Le relecteur Littéraire

Dans la suite du post précédent, concernant les éditeurs/editors, je suis retombé sur ce blog de J.A.Konrath...
Et n'ai pas résisté au besoin de le traduire.

Le "relecteur littéraire" (acquisitions editor) est la personne chez un éditeur, chargée du contact avec les auteurs, par exemple pour le choix des livres, et les discussions "éditoriales".


http://jakonrath.blogspot.com/2010/09/acquisitions-editor.html

Le relecteur littéraire

Quatrième étage de la Tour Top Branchée, New York
(Auteur est escorté par un Assistant dans le bureau de l'Editeur)


Editeur: Bonjour ! Assistant, peux-tu m'apporter un cappuccino, larme de lait, deux Stevias ? Auteur, voulez-vous quelque chose ?

Auteur: Non, merci.

Éditeur : Installez-vous, je vous en prie.

(Auteur s'installe face au bureau d'Editeur)

Editeur: Je suis heureux de vous dire que nous allons publier électroniquement votre nouveau roman. Escitant, non ?

Auteur: Je suis flatté. Mais il y a quelques points que je ne comprends pas. J'espérais que vous pourriez les éclaircir pour moi.

Editeur: Bien sûr. Je suis là pour vous. Nous sommes partenaires maintenant. Quelle période excitante.

Auteur: Ouais. Bon, tout d'abord, j'essaie de comprendre cette structure de royalties.

Editeur: C'est du standard. Vous recevez 25% des reçus nets.

Auteur: Avec le modèle d'agence, ça signifie que je gagne 7.5% du prix catalogue.

Editeur(radieux): Pas mal, hein ? Si c'était un de ces vieux livres poches démodés, vous ne gagneriez que 8%.

Auteur: Mais les poches coûtent $7.99. Vous voulez vendre mes ebooks pour $9.99.

Editeur: Nous avons déterminé que c'était le meilleur prix.

Auteur: Comment ?

Editeur: Excusez-moi ?

Auteur: Comment avez-vous déterminé le meilleur prix ? Avez vous demandé des études ? Sondé des lecteurs ? Expérimenté avec différents prix ?

Editeur: Nous sommes arrivés à $9.99 en le comparant au prix des livres papiers.

Auteur: Mais les livres papiers coûtent de l'argent à créer. Il y a l'impression et le transport. Et même comme ça, les poches sont à moins de $9.99.

Editeur: Nous suivons juste le marché.

Auteur: En fait, non. Vous déterminez le prix de vente. C'est vous qui positionnez le marché, vous ne le suivez pas. Et $9.99, me semble élevé.

Editeur: Vous devriez nous laisser nous préoccuper de ça. C'est pour ça que nous sommes partenaires. Vous vous concentrez sur  l'écriture, nous nous occupons de la partie affaires. Ca fait parties des services que nous proposons.

Auteur: Quel est ce service, déjà ? Je veux dire, il n'y a pas d'impression, de transport...

Editeur: Vous croyez que ce sont les seuls coûts impliqués pour mettre un livre sur le marché ? (rire forcé) Vous autre auteurs êtes si naïfs.

Auteur : Éclairez moi, je vous en prie.

Editeur: Et bien, nous relisons. Les livres ont besoin de relecture. Nous créons aussi la couverture. Les livres, même émectroniques, ont besoin de couverture.

Auteur: Continuez.

Editeur: La liste est tellement longue que j'ai du mal à tout retenir. Il y a, euh, la présentation catalogue (catalog copy).

Auteur: Vous présentez les ebooks en catalogue ?

Editeur: Ben, non. Mais nous faisons beaucoup de promotion.

Auteur: Comment exactement faites vous la promotion des ebooks ?

Editeur. C'est si nouveau que nous sommes encore en train de le découvrir. Mais nous avons très récemment emmené l'équipe à Seattle pour des réunions sur comment faire la promotion des ebooks. Nous y sommes restés deux semaines. Je crois que nous avons fait de réel progrès.

Auteur: (dans sa barbe) Vous pourriez peut-être faire une réunion pour mieux choisir où dépenser votre argent.

Editeur: Ces réunions auront lieu le mois prochain en Floride. Au Ritz Carlton. On va payer Warren Buffet comme conférencier.

Auteur:(soupirant) Y a t'il d'autres coûts pour mettre un ebook sur le marché ?

Editeur : Il y a la publicité.

Auteur: Vous faites de la publicité pour les ebooks ?

Editeur: On le prévoit, quand on aura le temps. Peut-être sur ce Facebook. Les enfants semblent adorer. On utilise aussi Twitter.

Auteur: Facebook et Twitter sont gratuits.

Editeur: Les publicités sur Facebook sont payantes.

Auteur : Personnellement, sur combien de publicité Facebook avez-vous cliqué ?

Editeur: Aucune. Ces trucs stupides m'énervent.

Auteur: Alors, soyons clairs. Il n'y a pas de prix d'impression, de transport, de stockage, et vous ne faites ni catalogue, ni promotion, ni publicité...

Editeur: (claquant des doigts comme s'il se souvenais de quelque chose)) Nous formattons et téléchargeons aussi les ebooks aux revendeurs.

Auteur: Combien de temps ça vous prends ?

Editeur : Pardon ?

Auteur: Pour éditer un livre, faire une couverture et le formater ?

Editeur: Eh bien, On peut passer deux ou trois semaines sur un titre pour le préparer.

Auteur: Neuf mois.

Editeur: Quoi ?

Auteur: Neuf mois, en travaillant 60 heures par semaines. C'est ce que ça m'a pris pour écrire mon roman. Ca semble un peu plus long et dur que vos trois semaines. Et pourtant, je ne récupère que 1.5% du prix que vous choisissez. Savez vous quel est votre pourcentage ?

Editeur: Comme ça, non.

Auteur: Vous prenez 52.5%.

Editeur: Vraiment ? Euh.

Auteur: Pour moi, ça ne me semble pas juste.

Editeur: Vous ne semblez pas comprendre que vous avez besoin de nous. Sans relecture et couverture...

Auteur (l'interrompant)Disons que vous vendiez dix mille copies. Ce qui, à votre trop grand prix, semble improbable. Mais disons que vous y arriviez. Ça veut dire que je gagne $17 500...

Editeur : Une jolie somme...

Auteur: ... et vous gagnez $52 500. Même si vous n'avez travaillé dessus que trois semaines.

Editeur: Mais vous admettrez que nous avons créé pour lui une couverture du tonnerre.

Auteur: C'est vrai. Mais pour cinquante mille dollars, je parie que je pourrais moi-même acheter une couverture honnête. Je parie que je peux payer un docteur pour réveillez Pablo Picasso de parmi les morts et lui faire faire la couverture.

Editeur: N'oubliez pas la relecture.

Auteur: Combien de temps ça vous prends pour relire un manuscrit ?

Editeur: Pardon ?

Auteur: En heures. De combien on parle ? Dix? Vingt ?

Editeur: Ca peut prendre jusqu'à cinquante heures,  avec de multiples parcours complets, et la "line edit".

Auteur: Combien gagne un relecteur par heure ?

Editeur: Pardon ?

Auteur: Disons 50 dollars par heure? Je trouve ça beaucoup, et aussi que votre estimation de cinquante heures est trop élevée, mais même en prenant ces deux là,, on arrive à seulement $2500. Et d'après le "Artist & Graphic Designer's Market", la couverture devrait coûter aux alentours de $2000.

Editeur: N'oubliez pas le formatage et le téléchargement.

Auteur: Je peux payer un gars $200 pour formater et télécharger le livre. En fait, je peux aussi payer un gars $300 pour la couverture et un relecteur pour faire à la fois le "content" et le "copy editing". Mais vous ne me facturez pas 1000 $ ni même 4500 $. Vous prenez 52 500 $. Et ce prix peut même grandir? Si j'embauche mes propre éditeur et artiste, ces prix sont fixes. Vous continuez à prendre vos 52.5% pour toujours.

Editeur: Vous ne semblez pas comprendre. Savez vous combien ça coûte de louer ce bureau ? Nous payons 25 000 $ par moi, hors charges? J'ai trois assistants. Nous avons la couverture médicale... et des frais ! Avez-vous idée de combien ça coûte d'inviter les agent littéraires au déjeuner ?

Auteur: Mon agent n'a pas participé à cet accord.

Editeur: Rien à voire !

(Assistant entre, avec le café)
Assistant: Voici votre cappuccino, Editeur.

Editeur: Voilà un autre coût! Nous avons payé 5000 $ pour cette machine à cappuccino ! Comment sommes nous sensés rester dans survivre sans nos 52.5% ?

Auteur:(se levant) Je crois que nous avons terminé.

Editeur: Attendez une seconde ! Vous avez besoin de nous ! Sans nous pour valider votre travail, vous ne serez jamais considéré comme légitime ! Vous ne serez qu'un riche inconnu!

(Auteur se tourne pour partir)

Editeur: Pensez à ce que vous ratez! Quand on fait une couverture, nous le faisons sans le moindre ciblage, et ne portons aucune attention à vos souhaits ! Nous changeons arbitrairement votre titre pour quelque chose qui nous semble mieux, sans aucune preuve! Nous prenons douze mois pour publier un livre après que vous ayez rendu le manuscrit quand ça ne vous prendrais qu'une semaine ! Nous payons deux fois par ans, plutôt qu'une fois par mois si vous publiez vous-même, et notre comptabilité est difficile à comprendre et peut-être biaisée! Et puis on peut vous laisser tomber sans raison particulière! Vous ne pouvez pas renoncer à tout ça!

(Auteur s’arrête, puis se retourne).

Auteur: Ah; c'est vrai que j'ai besoin d'un éditeur.

Editeur: Vous voyez, je vous l'avais bien dit!

(Auteur tend à Editeur sa carte de visite)

Auteur: Quand votre société aura fait faillite et que vous vous retrouverez a chômage, je veux que vous me contactiez. Envoyez moi une lettre. Listez vos qualifications pour relire mon livre, ainsi que vos tarifs. Mettez aussi une enveloppe affranchie à votre adresse. Si je ne vous réponds pas dans les six moi, pas besoin de me relancer. Ça veut dire que je ne suis pas intéressé...  

Wednesday, September 21, 2011

Editeur VS Editor. Fight !


Dans toutes les discussion actuelles que j'ai en français sur l'auto-édition/publication, revient un problème de vocabulaire : le mot "éditeur" et sa "traduction" directe "editor" sont loin d'être équivalentes. Bien que pas complètement "faux amis", on est très loin d'une adéquation totale.

Le terme le plus correct pour traduire "Éditeur" serait "Publisher" (qui pourrait être en retour traduit par "Publieur" mais ne l'est qu'en référence au terme anglais.). Je vous renvoie à l'article Wikipedia pour plus de détails (http://fr.wikipedia.org/wiki/Édition_littéraire)

Cet article Wikipedia présente la chaine du livre en 5 étapes :
  • La création,
  • De l'auteur à l'éditeur,
  • De l'éditeur à l'imprimeur,
  • L'impression
  • La commercialisation.

Sur ces 5 points, seuls les second et troisième points sont directement couverts par l'"editor" anglais.
Une définition de ce terme (restreinte au domaine des livres) pourrait être "personne qui corrige, révise ou adapte un texte". 
Un découpage plus fin peut encore être effectué :

L'acquisition editor, est un "employé" du publisher, dont le rôle est après un premier filtrage, de choisir parmi les manuscrits reçus un certains nombre de candidats "sérieux" à publication. Intégré à l'équipe éditoriale, il poussera ses "poulains" pour qu'ils soient publiés.
2 liens :
http://jakonrath.blogspot.com/2010/09/acquisitions-editor.html

Puis, on peut distinguer différents niveaux de finesse au niveau de l'édition :

Cohérence globale, Style général etc... sont plutôt gérés par un "Copy editor".
Son rôle est de rendre un livre homogène et cohérent. Par exemple il cherchera les "trous" ou les incohérences dans la trame, les mauvaises habitudes stylistiques de l'auteurs.
http://en.wikipedia.org/wiki/Copy_edit

http://en.wikipedia.org/wiki/Editing

Le "Line Editor" est plus concerné par la cohérence grammaticale, syntaxique, ponctuation etc, au niveau des phrases ou des lignes de textes.
http://www.wisegeek.com/what-is-a-line-editor.htm

Enfin, le "Proofreader" (Relecteur en frannçais ?) s'assure de l'absence de coquilles après formatage du livre.

Bien sur, un editor peut exceller et exercer dans ces trois "niveaux", mais pour autant, à force de relecture d'un même texte peut perdre sa "sagacité".

Dans les faits, un "éditeur" à la française prend à sa charge les taches liées à l'"editor", ce qui lui permet de publier un texte sans fautes majeures, tel qu'attendu par les lecteurs. 
De ce fait, il semble évident qu'un auto-publieur sous sa casquette de Publieur, doit assurer (personnellement ou en faisant appel à des "editors" externes) ces tâches d'édition.

[MAJ] Obtenu par l'intermédiaire de l'HADOPI quelques équivalences "françaises" aux termes anglais :
le proofreader est le "relecteur des épreuves"
le copy editor serait le "relecteur du texte", celui qui fait des suggestions de réécriture
le line editor serait celui qui vérifie la typographie et la place des virgules et des points
(pas de certitudes sur les deux derniers)
Merci à eux :-)

[MAJ2] Voici un article très clair concernant les relectures ! Ça me manquait !
http://lafeuille.blog.lemonde.fr/2011/09/26/bookcamp4-leconomie-de-la-correction/
et puis
http://www.liberation.fr/culture/0101612104-correcteurs-a-rude-epreuve

Wednesday, September 14, 2011

Why I love Epub and DRM-Free EBooks

(French first, english version later)
Voici une mauvaise photo de mon Nook. Comme on peut le voir dans la partie bas gauche, une petite bande
est complètement grise, alors qu'elle devrait faire partie du building. Moralité, il est cassé.

Jusque récemment, j'ai tenté de faire des changements de réglages afin de pouvoir lire sans avoir à deviner des lettres voir des mots entiers, mais hier j'ai eu cette idée idiote : et si je changeais le livre ?
Après quelques essais, j'ai trouvé la solution en changeant la marge dans la feuille de style, et Voilà ! Je peux attendre tranquillement l'arrivée du remplaçant ! Bien entendu, ce ne serait pas possible s'il y avait des DRMs, mais pour l'instant, me revoilà devenu un lecteur heureux.

(English Version)
Here is a (bad) photograph of my Nook. As can be seen in the lower left part, a small band is completely grey, whereas it should show buidings. So, my Nook is Fucked up.
Until recently, I tried to change a few settings to be able to read books without havng to guess letters or even full words, but yesterday I had that silly Idea : What if I changed the Book instead ?


Well after a few tries, It went smoothly : Set a 13 % margin in the style sheet and Voila ! I can read again (while waiting for my next reader to arrive).
Of course, with DRMs, I couldn't have done this. 
So now, I'm a happy reader again !


Friday, September 9, 2011

Tas de Gadoue





Une nouvelle traduction, cette fois-ci d'un billet de Kristine Kathryn Rusch. Elle est auteur de plusieurs dizaines de romans, a été éditrice (et a gagné à ce titre plusieurs prix). Son mari (écrivain également) a dirigé une petite maison d'édition spécialisée dans le fantastique et la science fiction. 
Ils auto-publient de nombreux livres, pour certains après en avoir récupéré les droits.
Tout cela lui donne à mes yeux une certaine légitimité à parler de l'édition aux Etats-Unis.
Il faut noter je pense que l'édition outre-atlantique est sans doute différente avec celle que nous connaissons en France, ce qui peut rendre certaines mentions inapplicables ici. Par exemple, je ne suis pas sûr de l'influence des agents littéraires ici, et alors qu'aux USA, les livres reliés sont encore bien présents, ce n'est plus vraiment le cas chez nous (merci Prix Unique du Livre !).

Celui de son mari : http://www.deanwesleysmith.com/


Vérités sur le Tas de Gadoue
Kristine Karhryn Rusch

Chaque semaine, on m'envoie des liens vers divers articles/billets concernant l'édition que je pourrais ne pas avoir vus. J'adore ces liens. Je ne vois pas tout, et quand je suis pressée par les délais, comme je l'ai été en mars, je n'ai pas le temps de fureter à la recherche d'informations sans liens avec mon projet en cours.

Mais la semaine dernière, au moins trente personnes (peut-être plus si vous comptez les gens sur Facebook) m'ont envoyé un lien vers le billet ridicule d'Eric Felten au Wall Street Journal intitulé “Cherish the Book Publishers—You’ll Miss Them When They’re Gone.” (Protégez/Aimez/Profitez de vos éditeurs, ils vous manqueront lorsqu'ils auront disparu). 

Pourquoi est-ce que je qualifie ce texte de Felten de ridicule ? A part le fait qu'il dise ce que des auteurs d'endroits comme NPR ou The Daily Beast disent depuis deux ans, il ne montre aucune quelconque compréhension de l'industrie du livre. Si il avait réellement réfléchi au sujet et fait un peu de recherche, alors peut-être en aurait-il tiré aune autre conclusion.

Son postulat de départ est assez simple : sans les éditeurs de livre, les lecteurs ne seront plus capables de trouver les bonnes choses au milieu des immondices.

Allez, gars ! Ces arguments étaient déjà vieux il y a cent ans lorsque la lecture a cessé d'être réservée aux riches et éduqués, et est descendue atteindre les masses. Quelqu'un c'est il jamais posé la question de pourquoi on a fini avec un fossé entre la « littérature intellectuelle » et la « culture de masse » (low brow crap) ? C'est parce-que les sachants (cognoscenti) ne contrôlant plus ce que les gens lisaient, perdirent une grande partie de leur puissance, alors ils durent inventer des mots pour distinguer les livres « approuvés » et ces « trucs » au genre puant (stinky genre stuff).

Que ce passe t-il maintenant ? Les faiseurs de goût littéraire – correcteurs, éditeurs, critiques etc. – voient leur contrôle de ce qui est lu disparaître, alors ils écrivent des articles tels que celui-là.

Honnêtement, c'est devenu le marronnier de l'année. Tu ne sait pas quoi écrire sur ton blog hebdomadaire ? Écris comment l'édition numérique/l'édition indépendante/l'auto-publication va ruiner les livres pour nous autres.

Felten explique ce qu'est un Tas de Gadoue. (Pour ceux qui ne le savent pas, c'est l'endroit où les inconnus envoient les manuscrits à un garde-barrière (gatekeeper), habituellement un assistant éditeur, qui filtre alors les manuscrits et envoie ce qui est bon au vrai éditeur). Il cite « un ami » qui a fait ça pendant deux ans et n'a trouvé qu'un seul manuscrit à valant d'être recommandé.

Puis il ajoute « l'ère des livres électroniques nous promet à tous le plaisir de fouiller nous même dans le Tas de Gadoue, alors même qu'il grandit exponentiellement. »

Laissez-moi vous dire, Mr Felten, en tant que personne ayant lu de la gadoue pendant 10 ans, découvert de nombreux nouveaux auteurs,et gagné à la fois un World Fantasy Award et un Hugo Award pour son travail d'édition, le Tas d Gadoue n'est pas une sorte d'horrible chose grandissante et mouvante à éviter. C'est une tour d'espoir, de rêves, d'auteurs qui veulent faire quelque-chose de leur vie.

Oui, il y a du mauvais là dedans. Mais le mauvais est moins commun que l'ennuyeux, le médiocre, le non-original. Le gros du Tas de Gadoue est ennuyeux, pas abominable. Vous commencez à lire un de ces manuscrits, vos yeux se floutent, vous le posez et passez à autre chose.

Ça vous dit quelque-chose, lecteur ? Bien sur que oui ? La gadoue ça ressemble à votre propre expérience avec les livres publiés traditionnellement. Et oui, vous le faites déjà avec des titres qui ont déjà été publiés.

Je suis sûre que si vous donnez à Mr Felten un verre de vin ou deux, il vous dira dans les termes les plus directs quels genres il ne lit pas. Il appelle les e-books « e-pulp fiction » alors vous sentez déjà son snobisme des genres. (Et à nouveau il vous montre de quel côté du gouffre « Intellectuel/Masse » il se serait trouvé il y a  cent ans. Cet homme n'aurait jamais choisi de loisir « populaire ». Il aurait préféré de coûteux livres reliés préalablement approuvés par des « vrais » editeurs, pas des éditeurs « pulp ».)

Mais revenons-en à cette séparation entre genres. Je parierais que Mr Felten n'a jamais lu de roman « sentimental », ou au moins ne l'a jamais avoué. (Le « sentimental », pour ceux qui ne le savent pas, vend plus que tout autre genre.) Il pourrait bien lire de la fiction « mystère » littéraire, et de la science-fiction « approuvée » – vous savez recommandée par Oprah, comme Cormac McCarthy. Mais clairement il ne respecte pas le « fantastique ».

Ses dernières lignes, qui se veulent mordantes et drôles, sont : « Qui sait combien de grands livres attendent d'être découvert ? Mais est-il plus probable de les trouver une fois que les pros de l'édition auront été poussés à la porte ? J'en doute vraiment – même si il y a maintenant un espoir pour cette série de romans que j'ai commencé d'écrire à propos d'un détective elf qui voyage à travers le temps pour faire la cour à la cousine au troisième degré d'Hélène de Troie, qui à son tour, se trouve être une troll plus-séduisante-que-d'habitude . »

Il dit ça comme si ce genre de livres ne pourraient pas être publiés par des éditeurs actuels. Et, gars, sors du coin littérature de ta librairie et promènes-toi. Jette un œil à la table des best-sellers. Regarde les livres avec « Urban Fantasy » sur la tranche. Tu va en trouver un paquet des livres exactement comme ça. Et devine quoi ? Ces beautés ont traversé sans encombre le tas de gadoue traditionnel.

Pourquoi je m'en prends à ce type ? Principalement parce-que vous avez été si nombreux à m'envoyer ce truc débile (silly piece), ce qui prouve bien que beaucoup d'entre vous lisent le Wall Street Journal plutôt que les bloggers plus obscurs du site de NPR. (ils ont couvert ce sujet l'été dernier.) Je crois que certains d'entre vous me l'ont envoyé parce que vous êtes d'accord avec lui, parce que vous avez acheté un bout de ce terrain marécageux en Floride avec l'écriteau qui dit « Garde Barrières professionnels Nécessaire ».

Je déteste devoir vous le dire. Les lecteurs de Tas de gadoue dans les maisons d'édition comme cet « ami » de Mr Felten se sont retrouvés sans emploi il y a une dizaine d'année, quand les maisons d'édition traditionnelles ont fermées leur porte aux manuscrits sans « agents ». La pile s'est alors glissé dans les bureaux des agents, et les agents, qui n'avaient pas le temps de lire ce tas grandissant, l'ont simplement ignoré.

C'est pour ça que tant d'auteurs débutants se plaignent de ne jamais obtenir de retour de personne. Il n'y avait personne pour lire des manuscrits. Les auteurs qui ont réussi à se faire lire avaient déjà été découverts par ailleurs, à travers une forte carrière dans les « short stories » (histoires courtes) (en science-fiction, fantastique, et mystère) ou au travers de concours (comme le Golden Heart en sentimental). Parfois certains de ces auteurs, ceux qui ont de l'argent et/ou du culot (chutzpah), ont obtenu d'être présenté à un éditeur lors d'une conférence d'auteurs et « la carte de visite » , qui était comme la clé magique pour rentrer dans le royaume. L'éditeur ayant promi de lire quoique ce soit lui arrivant accomagné de la carte de visite originale (pas une photocopie).

Ah mais à entendre Mr Felten, ce système est merveilleux. Il ecrit, « Le garde-barrière vieux et étriqué est sensé être remplacé par le 'média social'. Mais les auto-publiés découvrent qu'obtenir l'attention de la foule une fois leur e-book sorti n'est pas facile. Ce qui mène à des efforts pour gruger (to game) le jugement du nouvel et amorphe réseau d'influence ».

Comme si le vieux système n'était grugé par personne. Des gens enseignaient dans des ateliers comment obtenir du garde-barrière vieux et étriqué un coup d'oeil au manuscrit d'un auteur inconnu. Pas de le lire, d'y jeter un oeil. Et si le mauvais garde-barrière le lisait, alors seule la persévérance de l'auteur pouvait faire publier le livre. Neuf garde-barrières vieux et étriqués ont refusé le premier livre de la série Harry Potter ( et je l'aurais fait aussi : ce premier chapitre n'avait pas de mise en place (setting), même une fois le livre publié). Dix-sept G-BVE ont refusé Journal d'un Princesse et vingt trois on décliné Dune.

Oh, attendez. Désolée. J'utilise des exemple de mauvaise fiction. Tournons nous plutôt vers la littérature, d'accord ? Et si on se tournait vers les seize VEG-B qui ont refusé Le Journal d'Anne Frank ou les vingt deux G-BVE qui ont refusé Les Gens de Dublin de James Joyce ?

Oui, ces garde-barrières vieux et étriqués savaient parfaitement ce qu'ils faisaient.

C'est ça le problème du vieux système. L'auteur devait continuer de chercher jusqu'à ce qu'elle trouve un  garde-barrière vieux et étriqué qui croyait en son travail. Puis ce pauvre garde-barrière vieux et étriqué devait encore convaincre les autres garde-barrières de la maison d'édition d'investir des dizaines de milliers de dollars dans l'édition de ce livre. C'était une sacré colline – et franchement, tous les livres l'ayant franchis n'étaient pas forcément bons. Je suis sûre que Mr Felten en conviendra : les éditeurs traditionnels ont sorti des tas d'immondices. Lui et moi ne somme sans doute en désaccord sur ce qu'est un immondice. Moi, déjà, non seulement je lis du sentimental, mais j'en écris aussi. J'apprécie les histoires de voyage temporel et d'elfes détectives, et j'en ai (dans mon rôle de  Garde-Barrière Vieille et Étriqué dans le « The Magazine of Fantasy & Science Fiction ») acheté quelques un de temps à autre.

Avoir un  garde-barrière vieux et étriqué n'empêche pas un mauvais livre d'être publié. Pas plus qu'il n'empêche une bon livre de passer inaperçu. Même avant la révolution des e-livres , il y avait beaucoup de fond sonore, et on attendais des auteurs qu'ils fassent la promotion, encore, et encore, et encore de leurs propres livres pour dépasser ce fond sonore.

Et maintenant ? Le fond sonore a t-il empiré ? Je ne le crois pas. Je pense même qu'il s'est calmé. En partie à cause de cela : la révolution des e-livres implique que les livres vont rester en cours (in print ). Le premier moyen pour attirer l'attention est par le bouche-à-oreille. Ça ne se fabrique pas, le bouche à oreille. L'industrie du film a essayé pendant des années, et ça lui est retombé dessus, spécialement depuis deux ans quand Twitter a commencé à grimper. Les ciné-mordus (Movie-goers ?) qui allaient voir les avant-premières d'un film attendu tweetaient soit que le film était bon, soit qu'il était nul. Le bouche-à-oreille se diffusant rapidement à travers le média social, s'est mis à déterminer les résultats box-office du week-end.

On s'est habitué au phénomène maintenant, ce qui explique pourquoi on peut entendre qu'un film avec un bon premier jour de lancement peut s'écrouler sur le week-end, mais ca été un vrai choc dans l'été Twitter de 2009.

Le même phénomène se passe avec les livres. Les gens s'en fichent de lire le dernier livre à la mode. Ils veulent un livre qui leur plaira. Les éditeurs traditionnels gèrent les livres comme des produits, les enlevant des rayons comme s'ils allaient pourrir après un mois. Alors il était impossible de bâtir un lent bouche-à-oreille.

Ce n'est plus le cas. Un bon livre va finir par remonter jusqu'en haut. Ca va prendre du temps, et aucune gruge du système ne donnera à un livre plus de succès qu'il n'aurait eu sans la gruge. Ça pourrait lui donner plus d'élan au démarrage, mais si ce livre ressemble en quoi-que ce soit à ce que j'ai vu dans le Tas de Gadoue, aucune quantité de tweet, d'auto-promotion, de critique par des pairs, ou de soldes ne le fera lire par des milliers de personnes.

Alors comment se faire remarquer de nos jours – en tant qu'auteur indépendant ou traditionnellement édité ? Il faut écrire un bon livre. Puis être patient.

J'en ai vu des blogs d'auteurs qui ont mis leurs livres sur Kindle, puis regardé les chiffre et se plaindre de deux trois ventes en un mois. Ouais, Ouais, se plaignent-ils, le mois d'après j'ai fait six ventes, et le mois suivant douze, mais dix-huit ventes en trois mois ne vont pas me rendre riche.

Et pourtant... le livre est sur une tendance montante. Ce qui veut dire que les trois lecteurs d'origine en ont probablement parlé à un ou deux amis qui ont lu le livre, et ces amis en ont parlé à leurs amis et ainsi de suite. 

C'est vrai, on ne devient pas riche dans l'année 2011 avec ces chiffres, mais avec un peu de patience, et la volonté d'écrire et publier d'autres livres (plutôt que de dépenser tout son temps en promotion), on peut se faire un petit revenu sur ce livre pour 2013. Et en 2015 on pourrait avoir assez pour dire adieu à son boulot régulier.

Ce qui est mieux que ce que font la plupart des auteurs publiés traditionnellement quatre ans après leur première édition.

Comment les lecteurs le trouveront-ils ? Ils lisent les critiques, regardent les billets sur les blogs, ou recherchent parmi les titres de leur genre favori. Ils écoutent leurs amis et regardent le petit algorithme sur la page d'un livre qu'ils ont apprécié, cet algorithme qui dit, Les gens qui ont acheté ce livre ont aussi acheté celui-là. Vous croyez que ça ne marche pas ? Avez-vous déjà regardé des livres qui apparaissaient à cause de cet algorithme ? Je parie que oui – et plus d'une fois.

Voici encore une vérité sur le Tas de Gadoue : le plus gros du tas est fait d'œuvres récital. Par ceci, je veux dire le seul et unique roman ou nouvelle que ce pauvre gars a écrit. Peut-être que c'était leur thèse. Peut-être ont-ils dû l'écrire (et l'envoyer) comme devoir d'Anglais (Français). En musique, ce genre de chose est appelée une œuvre récital. Quiconque ayant pris un cours de musique en a une – cette œuvre travaillée encore et encore jusqu'à devenir le meilleur que le musicien novice puisse donner. Ça pourrait être la seule chose que le musicien (maintenant confirmé) pourra jouer sur son (ancien) instrument, mais cette personne l'a appris, oh surprise (by gum), et la jouera dès qu'on lui en donnera l'occasion.

Oui, ces œuvres récitals arriveront sur les étagères d'e-livres. Et la plupart auront quelques téléchargements et ne se vendront pas. Ils vont gonfler les chiffres – ceux-là mêmes que des gens comme Mr Felten montreront pour prouver qu'il y a trop de titres auto-publiés – mais la plupart des gens ne les verront même pas. Les quelque personnes forcées de l'acheter (amis, famille) ne recommanderont certainement pas ces œuvres récital à leurs amis de lecture.

Et ces livres seront faciles à ignorer.

Mais les livres difficiles à ignorer seront ceux d'un auteur jusque-là inconnu qui aura écrit un premier chapitre du tonnerre. Quelque lecteur de « Toutlabas sur Plusloin » (Outer FarAwayFromHere)télécharge l'extrait gratuit, et quelques mois plus tard le lis. Il commande immédiatement après le reste du livre, reste levé toute la nuit pour le finir et arrive les yeux dans le flou au boulot le lendemain. Que fait ce lecteur ? Il raconte à ses amis de la Treès Grosse Usine de Toutlabas sur Plusloin qu'il n'a pas dormi à cause de ce super livre. Puis à la pause déjeuner, cinq de ces amis téléchargent l'extrait gratuit. Le cycle recommence à nouveau.

En qui allez vous avoir confiance pour vous recommander des livres ? En des Garde-Barrières Vieux et Étriqués comme moi qui ont des préjudices de lecture (« Pas de mise en place ! Mais à quoi pense donc cette Rowling ? ») qui les empêcheront de rentrer dans une bonne histoire ou dans vos amis qui ont adoré, adoré, adoré ce livre. Imaginez combien notre culture serait différente si  Garde-barrière Vieux et étriqué N° 10 avait aussi refusé Harry Potter.

Maintenant, imaginez ce qui se serait passé si l'e-publication avait existé fin 1990, quand Rowling a commencé. Elle serait quand même plus riche que la reine, mais 7 fois plus riche que maintenant car elle gagnerait ça en plus en royalties. Et on aurait peut-être pu lire à propos de ce cher vieux Harry Potter deux ans plus tôt.

On en aurait entendu parler par des amis qui seraient restés levés toute la nuit, incapables de reposer le livre.
Oh, attendez ! C'est comme ça qu'on en a entendu parler. Je ne sais pas pour vous, mais c'est par la recommandation d'amis, ayant les même préjugés que moi pour le lecture, qui m'ont dit « Le début est un peu fouillis (rough) mais donne lui un chapitre ou deux. Tu vas adorer ce livre » que j'ai commencé à lire Harry Potter. Tous les livres Harry Potter.

Nous sommes tous les garde-barrière les uns des autres. Nous l'avons toujours été. On ne va pas perdre les garde-barrières de l'édition traditionnelle, même s'il y en aura moins. Si nous voulons émuler Mr Felten et ne jamais souiller notre liseuse avec de l'auto-publié, nous aurons encore l'option d'acheter des livres publiés traditionnellement.

Il est probable que la bibliothèque de la plupart des liseuses des lecteurs ressemblera à la mienne – un mélange de livres auto-publiés et traditionnellement publiés. Le pourcentage entre auto-publié et traditionnellement publié changera selon les recommandations d'amis et le type de lecture qui nous font vibrer, mais il y aura toujours probablement un mélange.

Ce n'est pas que je suis un lecteur moins snob que Mr Felten. Je suis juste d'un snobisme différent. Et vous aussi.

Il y a suffisamment de livres pour chacun de nous. Plutôt que se plaindre du fait que plus de livres seront publiés, plutôt que de craindre que les bons livres seront écrasés sous les immondices, peut-être devrions-nous accepter que la révolution est sur nous et que c'est une bonne chose.

Parce que c'est ça l'autre point totalement ridicule dans le papier de Felten – le titre. Si le blog du Wall Street Journal fonctionne comme la plupart des journaux, le titre pourrait ne pas être de la faute de Felten. Ce pourrait être un autre correcteur snob (garde-barrière!) qui a collé ce titre sur son travail :

Protégez/Aimez/Profitez de vos éditeurs, ils vous manqueront lorsqu'ils auront disparu.

Mais ils ne vont nulle part. Ils ont quelques luttes devant eux, et de nouveaux éditeurs vont apparaître. Mais les livres reliés n'ont pas disparu quand les poches sont arrivés. Plus de livres accessibles à plus de gens ne veut pas dire que l'apocalypse arrive.

Ça veut juste dire que les garde-barrières vieux et étriqués risquent de perdre le contrôle de la conversation.

Et sérieusement, où est le mal là dedans ?

Wednesday, September 7, 2011

(Auteurs auto-publiés) Comment trouver le succès

Il ne suffit pas d'avoir une Boule de Cristal Numérique, il faut aussi savoir la lire. 
Une boule de cristal, ça présente des courants, des flux... Moi j'aime bien lire (entre autres) le flux porté par J.A. Konrath. J'ai déjà traduit un de ses textes ici, "L'imprimé est éternel". En voici donc un autre ... "How to Succeed"


Je suis innondé de courrier électronique, souvent de personnes me remerciant ou me demandant des choses.
Voici une courte récapitulation des questions que je recois, et des réponses que je donnerais si j'avais le temps :

Q: Quel est le secret pour vendre beaucoup de livres ?
Joe: Il n'y a pas de secret. Il faut écrire de bons livre, avec une bonne description, un bon formatage, une belle couverture, le vendre pas cher, et persister jusqu'à avoir un coup de bol.

Q: J'ai un livre, mais il ne se vend pas. Comment dois-je le mettre sur le marché ?
Joe: Ecrivez un autre livre, et encore un, et persistez jusqu'à avoir un coup de bol.

Q:  J'ai changé ma couverture 56 fois, mais mes ventes ne décollent pas.
Joe: Il faut continuer à écrire jusqi'à avoir un coup de bol.

Q: Joe, j'ai suivi ton blog, et tu es la raison pour laquelle je m'auto-publie. Comment as-tu fait pour vendre autant ?
Joe: J'ai persisté jusqu'à avoir un coup de bol.

Q: Joe, tu es un pionnier, un héros, un Gourou. Tu mérites tout ton succès. A quoi l'attribues tu ?
Joe: J'ai juste eu un coup de bol.

Q: Tu parles beaucoup de chance, comment puis-je augmenter mes chances d'avoir du bol ?
Joe: Continue d'écrire des bon livres avec une bonne description, un bon formattage, une belle couverture, et de les vendre pas cher.

Q: Le talent et le travail ne sont-ils pas plus important que la chance ?
Joe: Ils peuvent augmenter tes chances d'avoir un coup de bol.

Q: J'ai fait tout ce que tu dis, mais je ne vends toujours pas. Quel est le problème ?
Joe: Tu n'as pas encore eu de coup de bol.

Q: Mais la route de l'auto-publication n'est elle pas pavée d'or ?
Joe: Personne ne mérite de gagner de l'argent en écrivant. Le monde ne te doit pas de te donner de quoi vivre, et tu ne peux pas considérer que de nombreuses ventes te soient dues. Il faut simplement que tu y travailles, jusqu'à avoir un coup de bol.

Q: Combien de temps ca prends, d'avoir un coup de bol ?
Joe: Ca m'a pris vingt ans et deux millions de mots écrits.

Q: Mais si je n'ai jamais de bol ?
Joe: C'est que tu n'as pas essayé assez fort, ou assez longtemps. Ou tout simplement tu n'écris pas assez bien.

Tout le monde n'est pas un joueur de foot de première division. Ca nécessite un ensemble de qualités, dont la chance. Mais tout le monde semble penser qu'il peut être un écrivain, simplement car il peut assembler quelques mots. Certains livres numériques mal écrits peuvent se vendre correctement, tout comme certains livres papier mal écrits se sont bien vendus. Mais si tu écrits de la merde, tu diminue tes chances d'avoir un coup de bol.

Je crois que la crème remonte et que la merde coule. Les livres numériques sont l'opportunité parfaite pour tester cette théorie, parce qu'il n'y a plus de barrière à l'entrée. Avant les ebooks, les garde-barrières historiques décidaient de qui était publié, et déjà alors de nombreux livres échouaient à trouver leur public car ils n'avaient jamais vraiment leur chance pour le faire.

Les livres numériques ont une durée de vie sur étagère infinie. Et les librairies numériques ont un espace d'étagère infini.  Si ton livre est bon, il a un temps infini poour être découvert. L'infini, c'est un long moment pour trouver un public.

Q: Est-ce que ca peut vraiment me prendre "pour toujour" pour atteindre le succès ?
Joe : J'ai écrit ORIGIN en 1999. C'est le livre par lequel j'ai obtenu un agent. Elle a essayé dur de le vendre à trois reprises, en 1999, 2005 et 2008, recevant plus de 50 lettres de refus par chaque société majeure de New York.

Maintenant, ORIGIN est classé 274ème dans la boutique Kindle, et a obtenu plus de 100 notes 5 étoiles. J'ai vendu des dizaines de milliers d'exemplaires.

Ca a pris 10 ans à ORIGIN pour trouver son public. Je recois tellement de lettres de fans à propos de ce livre que je vais écrire une suite. Tu peux t'arrêter si tu veux. Ou tu peux t'y accrocher jusqu'à avoir un coup de bol. Il n'y a pas de réponse facile. Pas de rustine rapide. Pas de raccourci vers le succès.

Personne ne te force à faire ça. Il faut que tu aimes le faire, et que tu croies en toi.
Même quand tu échoues.
Surtout quand tu échoues.

Si tu n'échoues pas, c'est que tu n'essaie pas assez fort.

Et si tu n'essaie pas fort, il va te falloir bien plus de temps pour avoir un coup de bol.

(Mise à jour le 22/05/2012 pour améliorer la fluidité. Toujours pas parfait, mais ça fera l'affaire)