Thursday, May 10, 2012

Réveil !

Allez les gars, il est temps de se réveiller ! Le temps change, c'est le printemps, les jours se rallongent, il est temps de sortir de l'hibernation maintenant !

Une petite indication de ce qui a changé pendant l'hiver ? Le livre numérique est enfin arrivé dans les chaumières, déposé au pied des cheminées par un père noël un peu spécial : Amazon.

L'avènement des EBooks en France


Oui, je sais, je suis de mauvaise foi, les ebooks étaient déjà là l'année dernière, et même moi, comparé à d'autre, avec mes deux petites années d'expérience je suis loin d'être un précurseur en la matière. Mais il faut le dire clairement, de mon point de vue, c'est bien Amazon qui a déclenché en décembre l'ouverture du marché en France.

Avant leur bras de fer serré avec les gros éditeurs, ceux-ci ne mettaient à disposition que le minimum (voir moins) en numérique. Il faut bien dire ce qui est, même si la situation n'est pas encore terrible, elle était à ce moment là tout simplement calamiteuse.

Non, sérieux, qui a cru un jour que le FnacBook ou le Oyo aurait un quelconque attrait pour les lecteurs ? Pendant ce temps là, de l'autre côté de l'Atlantique, le Kindle était exemplaire, le Nook au moins honnête, le Kobo tout à fait correct.
Oui, je ne parle pas du Sony, des Cybook etc. Mais le fait est que ce qui marche ce n'est pas tant le matériel (quoique...) que l'écosystème. Et nos écosystèmes Fnac ou France Loisir étaient tout juste acceptables.

La faute n'est pas entièrement chez les e-libraires, ne nous y trompons pas, mais aussi chez les éditeurs, qui ont préféré jouer la montre (et essayé de mettre un maximum d'économies dans leur bas de laine) en repoussant au plus tard l'ouverture de leur catalogue au numérique, plutôt qu'aider une alternative à Amazon à se créer. Pourtant, ils avaient l'exemple parfait aux US de la puissance de feu d'Amazon, d'autant plus qu'ils font pour la plupart partie des même groupes que les éditeurs US !

A Noël, c'est bien simple, faute de masse critique en France, les e-libraires ont dû accepter d'accueillir les partenaires américains pour avoir l'air un minimum sérieux, les éditeurs ont tout juste eu le temps de sauver quelques meubles en forçant le Prix Unique du Livre Numérique, et ont fini par ouvrir leur catalogue, juste à temps pour que ce soit Amazon qui prenne la place.

Mais pourquoi il s'énerve lui, là ?

Je ne m'énerve pas, je m'exprime... Non, sérieux, je suis surtout frustré qu'on n'ait pas réussi à faire autre-chose que préparer le terrain aux géants américains, alors que justement on savait comment ça se passait là bas.

Attention, ce n'est pas par bête protectionnisme que je m'en "prends" aux géants américains, mais parce que je considère (très libéralement d'ailleurs) qu'en ce qui concerne le livre électronique, la compétition est l'amie du marché et du progrès, d'une plus grande accessibilité à la culture et au savoir. Et je pense qu'ouvrir grande les portes de notre marché c'est entre autre abandonner une partie de cette compétition au profit des plus gros.

Le réseau s'est mis en place, certains éditeurs pure-players ont été créés et ont commencé à produire, à se structurer juste ce qu'il faut, juste à temps pour que les américains viennent récolter ce qu'on avait semé.

Si seulement ils nous prenaient aussi les bonnes idées (Watermarking par exemple), Ben non, ils en restent aux DRMs tout ce qu'il y a de plus con.

Si seulement ils faisaient au moins aussi bien que de l'autre côté ! Ben non, on a une version allégée (pas d'affichage des DRMs, pas tous les modèles de liseuses , pas tous les catalogues ...).

Si ils continuent de progresser en France, ils pourront nous imposer leur manière de faire sans qu'on puisse vraiment réagir.

Et le plus frustrant dans tout ça c'est que les moyens de faire quelque chose de bien sont déjà présents !

Il y a quand même des trucs qui résistent, des structures qui fonctionnent, et qui pourront peut-être se mobiliser pour conserver un minimum de compétition sur le marché francophone. 
- des auteurs, créatifs, codeurs etc. tout à fait passionnés et compétents, 
- des maisons d'éditions, petites, moyennes ou grandes, papier ou pure-players, qui finalement sont les plus grandes pourvoyeuses de livres.
- un réseau de distributeurs intermédiaires vaillant et valeureux.
- des e-libraires alternatifs, avec des stratégies d'ouvertures et du matériel largement honnête.



Il est temps que tout ce petit monde réagisse avant de se faire étouffer et de laisser la compétition (et la direction des opérations) aux mastodontes. 


Réagissez, Bordel !!

C'est simple, pour résister à leur entrée, il faut lever votre  niveau, et faire au moins aussi bien qu'eux. Ils ne veulent pas apprendre de vous ? Apprenez d'eux.

1) Tant que des DRMs sont imposés par les éditeurs, il faut TOUT faire pour qu'ils aussi discrets que possible, sans pour autant qu'ils complètement  invisibles. Il ne faut pas de bugs à la c** pour empêcher Tata Ginette de lire le dernier Le Clezio.

2) Ouvrez les commentaires aux gens qui n'ont pas acheté les livres sur vos e-librairies ! Une des forces d'Amazon, c'est son système de recommandation, bien sûr, mais aussi le grand nombre de commentaires et notes sur les achats. Bien sûr, ça mène à certains abus, mais c'est aussi un incroyable moyen de découvertes et de prescription.

3) Contrairement à ce que fait Amazon, faites STANDARD. Proposez des services Et si ça veut dire aussi communiquer et se mettre d'accord sur des standards d'échange avec les concurrents, pourquoi pas ?

4) Continuez ce qui est bien : le Watermarking par exemple, la recherche par facette, les choix éditoriaux audacieux, la preuve par la qualité d'un savoir faire en codage, formattage etc.

5) Allez, du nettoyage dans les métadonnées ! Plus de "non-fiction" dans la SF, de SF dans le Fantasy, de Bit-Lit dans la littérature blanche... Il faut que les lecteurs puissent trouver ce qu'ils cherchent, et aussi ce qu'ils ne cherchent pas !

6) E-Libraires et distributeurs, ouvrez les canaux à l'auto-publication ! Les auto-publieurs, c'est le "coin" qu'utilise Amazon pour faire pression sur les éditeurs, pour faire baisser les prix, pour accroître son catalogue plus que les concurrents. C'est un formidable élément différenciant. Ne vous y trompez pas, si Amazon chouchoute ses auto-publieurs, ce n'est pas par bonté d'âme, mais bien parce qu'ils savent que c'est de l'or qui rentre, certaines catégories de lecteurs qui trouvent un choix qu'ils n'attendaient plus de l'édition classique.

7) Facilitez l'expérience !! L'achat en 1 click d'Amazon, l'extrait de 20% et l'achat proposé automatiquement vers le livre complet, ca donne aux lecteurs l'occasion de tester un livre avant de l'acheter. Et si ce n'est pas ce livre qu'ils achètent, ce sera un autre, et c'est pas grave! C'est de l'argent qui rentre dans l'économie des ebooks !  

Je suis sur que j'oublie un paquet d'autres points sur lesquels vous avez intérêt (et nous lecteurs par extension) à vous améliorer, si vous ne voulez pas vous faire manger tout cru !

Edit : On me dit dans mon oreillette que mes solutions ne sont pas forcément toutes bonnes, ou que d'autres stratégies sont possibles voire meilleures. Je suis parfaitement prêt à l'admettre. Et à moins qu'elles soient "confidentielles, n'hésitez pas à les partager ! Mais là n'est pas en fait le but de mon billet. Celui-ci peut se résumer en fait à la phrase de conclusion suivante :

Allez, il est encore temps de se réveiller !! On y va les gars !!! Réveil !!!!!




2 comments:

  1. Vous avez raison :

    C'est simple, pour résister à leur entrée, il faut lever votre niveau, et faire au moins aussi bien qu'eux. Ils ne veulent pas apprendre de vous ? Apprenez d'eux.

    Vos 7 points sont justes, mais la compétition ne se fait pas à armes égales; les gros éditeurs refusent de nous fournir les fichiers (qu'ils fournissent à amazon, kobo et fnac) et nous contraignent à passer par des entrepôts et si le téléchargement a bugé nous avons 24h de délai pour la réponse, résultat nous remboursons tata ginette. Les extraits fournis font à peine quelques petits % et sont disponibles uniquement sur les feuilleteurs des éditeurs, impossible de mettre un lien d'achat.
    Et pour courronner le tout la remise pour les libraires est inférieure de 5 à 10% a celle consentie à celle d'amazon, kobo et apple.
    Heureusement qu'on aime notre métier.

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    1. Merci François,

      Les problèmes dont vous rendez comptes dans votre commentaire illustrent une remarque lue sur Twitter concernant "le problème" :
      Tout le monde est de bonne volonté, mais personne n'est d'accord sur les moyens d'y arriver d'où collisions et complications.

      Pour ma part, j'aime bien aller chercher directement dans "les entrepots" et je suppose que la raison avancée par les gros éditeurs est qu'ils ne vont pas donner une fourniture directe à la myriade de "petits revendeurs". Que cette raison soit bonne ou non, il est certain qu'elle va à l'encontre de vos intérêts...

      Concernant les extraits, pour moi, leur diffusion devrait être celle des métadonnées : généralisée. Et c'est dans l'intérêt de l'éditeur de la fournir cette "première dose"... A moins qu'il y ait des problèmes juridiques particuliers ? ou qu'ils n'aient vraiment pas confiance en leur catalogue.

      Moralité, on n'est pas arrivés ...
      Encore heureux effectivement que beaucoup aiment leur métier...

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