Wednesday, September 26, 2012

Micro-review : Quadruple Assassinat dans la Rue de la Morgue par Cecile Duquenne

Acheté dans le cadre de l'opération 200K de Bragelonne, mais si j'ai bien compris égalemet dispo par les édition Voy'el, le Quadruple Assassinat dans la Rue de la Morgue est une longue nouvelle (ou un court roman) mettant en scène un employé de la morgue et son ami vampire à la recherche du coupable du "quadruple assassinat".


Comme d'hab, je ne vais rien dévoiler, mais juste un petit mot pour dire que j'ai beaucoup apprécié la relation très trouble entre les deux personnages principaux, à chaque fois dans le doute dela sincérité de cette amitié où la volonté humaine peut être dépassée ou manipulée par le vampire.

Cet aspect très fin du livre reste plus de côté avec les autres rôles bien plus grossiers, plus taillés à la hache, mais dans l'ensemble de bonne facture.

Trois bonnes étoiles et demi, à la limite de quatre.

Friday, September 21, 2012

Et si on ne se trompait pas sur le livre numérique


Sur son blog, Erwann Gaucher (@egaucher) se demande aujourd'hui  "si on se trompait sur le livre numérique ?"

Voici ma réponse à sa question et ses arguments.

Coté pratique :


"Le stockage en grand nombre, si important pour la musique, ne joue pas vraiment pour le livre."
Euh, vous avez déjà géré un bibliothèque de plusieurs centaines (milliers) de livres ? Vous avez déjà essayé de les caser dans un petit appart ? Que ce soient des poches, des grands formats ou des livres d'art, demandez à la bibliothécaire ce qu'elle en pense...

"Qui a besoin de transporter avec soit 50, 100, 1000, 10 000 livres ? Qui est suffisamment absent de chez lui, éloigné assez longtemps de sa bibliothèque, pour avoir besoin d'emporter plus d'une dizaine de livres avec lui ?"

Moi. Je suis un gros lecteur, et à chaque fois que je suis parti en vacances, j'emmenais au moins 2-3 "pavés", et à chaque fois je suis revenu avec au moins le double.
Une liseuse à encre électronique est de ce point de vue là parfaite, prenant au maximum autant de place qu'un livre "grand format". Dans les transports en commun elle est moins encombrante qu'un de ces pavés dont je parlais par exemple. Vous parliez de tablettes à 600€, mais pour lire, une liseuse est bien plus adaptée et pour 4-8 fois moins chère. Il y a aussi l'apparition de nouvelles gammes de tablettes plus petites, moins lourdes et moins chères, un intermédiaire entre liseuse et tablette type IPad. Et si c'est encore trop encombrant, un smartphone dont l'achat est sans doute motivé pour d'autres raisons peut aussi faire l'affaire. Et perso, quand je prends les transports en communs, j'en vois, que ce soit pour jouer, écouter de la musique, ou autre. Pourquoi pas pour lire alors ?

Mais pourquoi l'emport d'une dizaine de livre devrait-elle être limitée aux grands trajets d'abord ? Avec le livre numérique, si vous ne vous sentez-plus dans l'humeur d'un livre, vous pouvez passer à un autre sans vous poser de question, il vous attendra pour plus tard, ou pour jamais. Vous finissez un livre ? Pas besoin d'en choisir un tout de suite et surcharger votre sac avant de partir, vous le choisirez au milieu de votre trajet, lorsque le moment sera venu. Au café, vous recommandez un livre à vos amis, lu il y a déjà un mois ? Vous pouvez le faire apparaitre, y compris avec vos annotations et marque pages, pas besoin d'attendre votre retour au domicile.


Maintenant, avant de passer au côté ludique, voyons l'argument prix...


Si l'on souhaite lire numérique dans un bon confort, le prix d'entrée peut aller de 0 --si l'on utilise la tablette ou le smartphone déjà acheté pour autre chose, je déconseille formellement le PC-- à 150€ pour une liseuse de bonne qualité et peut-être une couverture de protection. On peut aussi s'arrêter autour des 80-90 € avec une liseuse d'entrée de gamme. Dans ce cas, (sans doute préféré par les gros lecteurs), ce prix correspond à un gros cadeau d'anniversaire ou de noël, ou à quelques livres"grand formats". Un luxe, certes, mais un luxe qui reste abordable.

Ensuite, sur le prix des livres, il y a une très grosse distortion, portée par les gros éditeurs, qui exagèrent sur le prix des ebooks en les alignant, de près ou de loin, sur le prix de leur version papier. Il y a bien sûr les charges fixes, à répartir  entre tous les exemplaires vendus, papiers ou numérique, mais aussi un report artificiel des coûts papiers sur le prix des ebooks pour préserver les ventes du support traditionnel et sa chaîne.

A l'opposé, certaines maisons d'éditions "pure-players", voir même des auteurs auto-publiés, peuvent se permettre de proposer des prix bas, avec des frais fixes largement inférieurs et sans grosses immobilisations liées au papier, ou risque de "cannibalisation".

Dans l'ensemble, les petites structures qui se lancent dans le numérique adaptent leur offre à ce nouveau marché. Cette adaptation peut-être au niveau du prix, très rarement au delà des 13€ pour des "gros" romans et plus souvent largement en dessous des 10€, mais aussi dans la forme, avec des nouvelles courtes, la réapparition des feuilletons ou de séries, à des prix allant de moins d'un euro à 5-6€.

Le numérique permet également, avec des coûts "marginaux" presques nuls, de proposer des livres gratuits ou à un prix cassé qui amadouent les lecteurs et leur permettent de découvrir les oeuvres à moindre risque financier.  Là encore, les formats séries ou feuilletons se révèlent redoutables, avec un premier titre pour une bouchée de pain, et les suites autour des 3-5€. Si un lecteur adhère à un style, une intrigue, il est certain qu'il mettra le prix pour acheter la suite.

C'est là une technique de vente qui était quasi-impossible avec le papier. Pour faire un parallèle avec la musique, ça revient un peu à diffuser le livre "gratos" à la radio pour le vendre.


Sur ce, attaquons nous à l'aspect ludique.


"Le livre numérique, lui, peut-il être ludique ?"
Ben, oui. Au moins aussi ludique que le livre papier. Déjà, l'ergonomie dépasse les aspects logistiques évoqués dans la partie "pratique", pour effacer encore les contingences matérielles au profit de la lecture. Plus de pavés à porter à bout de bras, plus besoin des deux mains pour lire, la lecture est compatible avec la tartine ou le sandwich. Un doute sur un mot, et l'accès direct au dictionnaire vous hôte du moindre doute sur son sens.
Bref, la lecture réduite à un très simple appareil.
Certains puristes continuerons de s'accrocher au papier, à son odeur ou son toucher, mais tout comme le grand public est passé au CD après le vinyl, je parie qu'un grand nombre de lecteurs "ordinaires" passeront au numérique.

Et puis le numérique permet aussi une profondeur de catalogue inégalée jusqu'à présent, tant en quantité (quoiqu'encore limitée en Français par le  "fond" pas encore numérisé), qu'en qualité (même si plus diverse du fait des nombreux nouveaux entrants), qu'en diversité, avec des genres oubliés ou expérimentaux, délaissés car pas assez porteur pour la grande édition, mais aussi par une ouverture planétaire du fait de la tombée des distances géographiques par l'intermédiaire du net.

Entre cette nouvelle profondeur de catalogue, et les prix bas évoqués plus haut, les lecteurs (ou certains) peuvent trouver un aspect ludique à farfouiller dans le "tas" de nouveautés, à dialoguer autour etc.


De nombreuses personnes autour de moi, ayant sauté le pas de la lecture numérique, affirment (et c'est mon cas également) lire plus qu'auparavant. Et l'aspect ludique n'y est peut-être pas étranger.

Bon. Je sais, là, je n'ai parlé que des bons côtés de la lecture numérique, mais il y a aussi des côtés sombres pas évoqués ni dans l'article, ni dans ma réponse... Pour les différents points mentionnés ici, comme pour le coté obscur de l'ebook, n'hesitez pas à venir en discuter par mail, sur mon blog ou sur twitter...

Thursday, September 20, 2012

Pauvres Calimeros... Amazon vs Le reste du monde


Ici et là, là aussi, et puis un peu plus loin... bref, un peu partout, je vois des gens se plaindre de l'omniprésence (omnipotence ?) d'Amazon sur le livre (numérique ou non). Ca me fait très mal de le dire, mais cette position de préséance qu'a Amazon sur le livre numérique est MERITEE. Amplement !

Je ne les soutiens pas, bien au contraire (Boycott total de ma part), mais c'est eux qui ont l'offre la mieux ficelée, la plus complète, la plus accessible etc.

Que ce soient les éditeurs, distributeurs ou concurrents, si ils veulent avoir des chances, il faudrait au moins faire aussi bien. Ce qui n'est pas gagné.

En France par exemple, la FNAC qu'a pas réussi à relayer l'opération 200K de Bragelonne (après avoir foiré celle des 100K) c'est non seulement un gros fail pour cette opération, mais aussi encore une fois la démonstration de défauts majeurs (et non corrigés depuis 6 mois).

Alors que les autres s'empêtrent dans les DRMs Adobe, Amazon rends les siens parfaitement transparents, ce qui est tout à fait ignoble ^^ mais contribue à l'accessibilité des ebooks achetés.

Alors que les autres relèguent les auto-publiés à la seconde zone, Amazon les met en avant et les chouchoute, avec pour effet l'augmentation de son catalogue, facteur différenciant face à la concurrence. Bien sûr, le programme "Select" (une des raisons de mon boycott), même si légal, est tout bonnement infect et amplifie la part prépondérante d'Amazon sur le marché, mais si les autres faisaient aussi bien, il serait tout bonnement inefficace.

C'est simple, les autres, au lieu de gémir de l'injustice de la prépondérance d'Amazon, relevez vos manches, et améliorez votre offre. Editeurs, c'est simple, déjà, supprimez les DRMs, qui renforcent la "barrière" autour des écosystème et rendent plus difficile les transferts d'un e-libraire à l'autre. E-libraires, rendez votre boutique attractive aux utilisateurs, par exemple en adoptant une plus grande flexibilité au niveau des DRMs (Marquage !). Accroissez votre catalogue, par exemple en attirant et mettant en avant petits éditeurs et auto-publieurs, en améliorant les recherches et métadonnées.

C'est simple, fini Calimero, on se sort le doigt ... et on se bouge !

Tuesday, September 18, 2012

Le prix des livres (2)

Allez, je continue (très en retard)  ma galerie de casquettes concernées par le prix des livres...
(voir billet précédent sur le sujet)

Le Collectionneur


Avec cette casquette là, je collectionne les livres, d'un auteur, d'une collection, d'une série etc. Que ce soit parce que je l'aime, parce que je trouve les couvertures jolies, ou pour n'importe quelle autre raison, je souhaite acquérir les livres. Dans ces conditions, et tant que le prix n'est pas trop important, je suis prêt à faire des efforts de ce côté là. 10-15€ ne me font pas peur, mais tant que j'ai le porte-feuille qui peut suivre.

L'Amasseur

Je suis à la recherche des bonnes affaires ! Que ce soit gratuit, bradé à 1 € ou un peu plus cher, si c'est pas cher, j'achète. Mon bonheur c'est les livres gratos du domaine public, les promo j'adore ! Mon pied, c'est les opération 100K ou 200K, je me goinfre de livre que je ne lirais jamais. Par dizaines, par centaines, j'amasse, pour le cas où je tomberai en disette, ou tout simplement pour regarder mon disque dur enfler et crouler sous le poids des pages numériques. Alors du coup, c'est clair, au delà de 3€ j'achète pas... Sauf si sur l'étiquette hors promo y'a 15€ ...

Le Pressé

Voilà, j'ai fini un livre d'un auteur qui me plait, et je veux la suite. Enfin, je veux ... j'ai besoin ! C'était trop bon, il me faut la suite ! L'histoire, le style, les personnages... Il me faut ma came !! Allez, l'auteur, c'est quand t'as fini d'écrire la suite ? J'ai déjà relu trois fois chacun de tes livres précédents, j'ai écumé toute ta bibliographie, et je suis en manque !!! Allez, c'est quand ?? Vas-y, file moi le brouillon ! Fais pas ton Lourd ! Tiens, j'te file 10 euros, 15 euros... allez... 30 euros ??? Yes, Vas-y !! Je prends !!


Peut-être à suivre...

Friday, September 14, 2012

L'art c'est l'art !

(Disclaimer : Je ne suis pas avocat, ni n'ai suivi quelque formation dans le domaine du droit que ce soit, ne prenez mes "analyses pour rien d'autre que ce qu'elles sont : mon interprétation des quelques articles de loi que j'ai lu. Et du coup, si VOUS êtes avocat/juriste ou autre, surtout n'hésitez pas soit à relever mes erreurs, soit à confirmer mon avis, au choix... )

Re-disclaimer : J'ai édité pour ajouter un petit fragment en fin de billet ce lundi, sur la durée du droit de suite...

Sur Twitter ce matin, @BlankTextField  a levé un petit "lièvre" sur une petite proposition de loi présentée par Monsieur Daniel Fasquelle, député UMP de la 4ème circonscription du Pas de Calais. 


Cette nouvelle proposition (n°170)  est présentée comme "permett[ant] à l’auteur de céder son droit de suite

en matière de propriété intellectuelle". 


Voici une partie des motifs exposés dans la proposition

Il existe en droit français, à l’article L. 122-8 du code la propriété intellectuelle, un « droit de suite » qui a été créé en 1920 pour protéger les auteurs d’œuvres originales.
Ce droit de suite est un droit réel qui permet de suivre le bien quelles que soient les mains dans lesquelles il se trouve. Il prévoit l’attribution d’un pourcentage du prix de l’œuvre à l’occasion de chaque vente intervenue après la première cession et ce, dès lors qu’est sollicité un professionnel du marché de l’art.
Ce droit de suite est actuellement « inaliénable », ce qui fait que l’auteur est privé du droit de le transmettre à ses proches de son vivant ou à sa mort.
La présente proposition de loi vise à assouplir cette inaliénabilité du droit de suite en permettant sa cession tout en l’entourant de trois limites : la cession du droit de suite ne pourrait avoir lieu qu’à titre gratuit, la durée de ce droit de suite cédé serait limitée à soixante-dix ans après le décès de l’auteur, celui qui a reçu le droit de suite ne pourrait le céder à son tour.


Les deux premiers paragraphes me semblent une bonne explication sur ce "droit de suite", qui est en quelque sorte le "pendant" sur les objets d'art du droit d'auteur. La troisième explique le motif de la modification, et  la quatrième le moyen proposé pour y parvenir.


Charcutons l'article L.122-8 (mais je vous invite à aller le consulter) pour détailler ce qui changerait. 

Les auteurs d'oeuvres [...] bénéficient d'un droit de suite, qui est un droit inaliénable de participation au produit de toute vente d'une oeuvre après la première cession opérée par l'auteur ou par ses ayants droit, lorsque intervient [...] un professionnel du marché de l'art.


Voici ce que ça donne dans les faits :

Imaginons donc un jeune artiste inconnu, souhaitant être exposé et vendre ses toiles. Après avoir montré ses tableaux pendant 5 ans dans les foires aux artistes locales, il est repéré par un galériste, est exposé et commence à vendre ses toiles. La première part pour 1000€. 20 ans pus tard, alors qu'il est devenu célèbre dans le monde entier, cette toile est revendue par un marchand d'art pour 200000€. Il va toucher un droit de suite (de quel montant ?) sur cette vente.


La proposition de loi détaille les changements apportés et qui donneraient la chose suivante :
(grassé ce qui est ajouté, surligné en rouge ce qui est supprimé).

Les auteurs d'oeuvres [...] bénéficient d'un droit de suite qui ne peut être cédé à titre onéreux, qui est un droit inaliénable de participation au produit de toute vente d'une oeuvre après la première cession opérée par l'auteur ou par ses ayants droit, lorsque intervient [...] un professionnel du marché de l'art. Ce droit de suite ne peut être cédé par celui qui l’a reçu. Sa durée ne peut excéder soixante-dix ans après la mort de l’artiste.

Je reprends ma casquette de Machiavel et étudie ce que donnerait cette modification... (en informatique, on appelle ça les effets de bord)...

Imaginons donc un jeune artiste inconnu, souhaitant être exposé et vendre ses toiles. Après avoir montré ses tableaux pendant 5 ans dans les foires aux artistes locales, il est repéré par un galériste. Le Galériste exige d'être le bénéficiaire (gratuit) de la cession du droit de suite, et le peintre ne peut que s'incliner. Il est exposé et commence à vendre ses toiles. La première  part pour 1000€. 20 ans pus tard, alors qu'il est devenu reconnu dans le monde entier, cette toile est revendue par un marchand d'art pour 20000€. Le galériste touche le droit de suite (de quel montant ?) sur cette vente.
J'ai  mis le galériste comme bénéficiaire, mais j'aurais aussi bien pu mettre le mécène, le premier acheteur, le banquier, ou même n'importe qui. En l'occurence, si le droit de suite a été écrit comme inaliénable, c'est sans doute justement pour cette raison. L'artiste est (sauf à être déjà largement reconnu) le plus souvent en position de faiblesse par rapport aux autres acteurs du marché de l'art, et au lieu de lui accorder une liberté supplémentaire, cette modification du dispositif prive l'artiste de la protection de ce droit de suite, sans aucune contrepartie ou garantie que ce soit.

Mais attardons nous sur un point de détail de l'article de 122-8 (non modifié):
"après la première cession opérée par l'auteur ou par ses ayants droit". 
Tiens, Vous ne remarquez rien ? Si là, à la fin là : "ou par ses ayants droit". C'est qui ceux là ? Que font-ils là ? 
En l'occurence, c'est les héritiers (entre autre), et s'ils sont là, c'est sans doute qu'on a déjà pensé à eux, non ?



Retournons donc à notre article sur légifrance et vérifions s'il n'y a pas d'autre mentions... Bingo, le premier lien nous mène directement à l'article 123-7. En voici un extrait (mais comme tous les extraits cités, je vous invite à consulter l'article en entier sur le site):
le droit de suite mentionné à l'article L. 122-8 subsiste au profit de ses héritiers
Flûte ! Je ne comprends pas. Si ce ne sont pas les héritiers les destinataires, qui cela peut donc t'il être ?
Le conjoint ? Peut-être, mais dans ce cas là, pourquoi ne pas juste compléter le 123-7 ?

Bon, je suppose qu'il y a une bonne raison, mais moi, je ne vois pas laquelle.

Peut-être tout simplement est-il possible que le député n'ait pas l'habitude de travailler directement sur des textes de loi, ou de peser justement les conséquences de chacun des mots d'un de ces textes...

Sauf que...Monsieur Fasquelle est (dixit son blog) "Agrégé des Facultés de droit, Professeur à l'Université du Littoral-Côte d'opale et à Paris, spécialiste de droit européen. ".

Je ne sais que penser de cette histoire. Seule hypothèse restante, l'incompétence d'un subordonné, ou alors ... je ne sais pas.

Mais sinon, ne vous demandez-vous pas pourquoi je parle de ce sujet, moi qui d'habitude ne parle que de livres et de lecture, et du monde de l'édition ? Disons que je vois un certain parallèle entre ce sujet et celui de la loi sur les oeuvres indisponibles.

(Edit du Lundi matin : J'ai oublié un point important : J'ai beau dans ce billet défendre le droit de suite pour éviter que les créateurs soient spoliés de ce droit, il n'en reste pas moins qu'un "détail" me chiffonne pas mal : 70 ans après la mort. Tout comme pour le droit d'auteur, je suis intimement convaincu que c'est très exagéré.)

Re-Edit du mercredi AM : Un billet sur le sujet chez Actualitte : Droit de suite : déposséder un créateur, gratuitement

Edit du 20 : Réponse du député chez Actualitte : "Assouplir le caractère inaliénable du droit de suite" (député Fasquelle)

Edit le 24 : Encore du nouveau chez @Actualitte. Mais je vais arrêter les MAJ, juste vous pointer vers leur dossier Droits de Suite : http://www.actualitte.com/s/droit-de-suite-fasquelle.htm

Sunday, September 9, 2012

Billet de référence sur l'auto-publication et "Little Eagle" par Florian Rochat

Pour mémoire (pour moi) et pour votre information, c'est chez Florian Rochat et c'est celui-là : Pensées émues pour ceux qui ne font pas la Rentrée littéraire.
Et au fait, je n'ai pas fait de billet lecture de son livre La légende de Little Eagle, mais ce livre vaut bien 4 étoiles.

Friday, September 7, 2012

Détaillants de livres, mais grossistes en DRMs

La semaine dernière, je posais la question "Qui demande les DRMs". Je n'ai pas vraiment eu de réponse, mais elle était plus rhétorique qu'autre chose. Je constatais surtout que ceux qui ne voulaient pas de DRMs s'en trouvaient affublés, malgré eux, et supposait qu'il s'agissait de la volonté de quelques uns qui s'imposait aux autres.

Mais en fait, ce n'est pas forcément le cas... Cette après-midi, un éditeur (Au Diable Vauvert), passant par un distributeur, a eu la mauvaise surprise de trouver ses livres (sans DRMs normalement) diffusés chez Kobo/Fnac, avec.
Après discussion, j'ai compris les choses suivantes :
Chez Kobo/Fnac, (et pareil chez Amazon et Apple je crois), l'activation des DRMs sur un livre est fixée au moment de l'inscription de celui-ci en fonction d'une configuration "distributeur". Donc si le distributeur dit "DRMs", tous les nouveaux livres ajoutés par celui-ci seront inscrits en "DRMs". Le distributeur aura beau mettre individuellement sur chaque livre un marqueur métadonnées spécifiant la demande, c'est la configuration "distributeur" qui fait foi.


Et pourquoi le distributeur aurait-il mis sa configuration à DRMs ? Sans doute parce qu'une grosse partie de son catalogue est soit Watermark, soit DRMs, et qu'il leur est plus facile (et sûr) de diminuer la protection d'un nombre minoritaire de livres que de faire l'inverse. Plus facile étant bien entendu relatif...

Seule parade ? Que le distributeur découpe son flux en deux : avec, ou sans DRMs, et inscrive ces deux flux auprès du revendeur. Je suppose que ça a des conséquences techniques non négligeables chez lui, aussi bien pour découper dans un sens, que pour fusionner dans le sens retour.


Si Amazon a les mêmes contraintes (tout ou rien par distributeur), on peut tout de même "féliciter" Kobo/FNAC pour au moins afficher clairement la présence des DRMs.


On peut noter que si le distributeur disait "Marquage/watermarks", on lui répondrait "Comment ? Tu dis quoi ? J'entends rien !"... Et du coup il se trouve dans l'obligation de passer à "DRMs..." pour les livres concernés.

Bref, pour des raisons techniques (et non de choix des uns ou des autres), des livres censés être sans DRMs en sont bardés.

A qui la faute ? C'est sans doute partagé.

Kobo de ne pas mettre à disposition des moyens simples (par exemple métadonnées) de paramétrer au titre par titre les DRMs.
Au distributeur de ne pas s'assurer (ce qui est d'ailleurs de sa responsabilité) d'un bout à l'autre de la chaîne que pour chacun des livres la cohérence entre le choix DRM et ce qui est effectivement vendu...

Mais à vrai dire, je m'en fous.
En tant que client, ce ne sont pas mes affaires qui a mélangé les OGM avec les légumes bios. Ce qui m'importe c'est le résultat.

Alors comme je le disais, Auteurs, Editeurs, Distributeurs, Diffuseurs, E-libraires, on se bouge, on fait ce qu'il faut, et on arrête de piétiner les droits des uns et des autres...

Et pendant ce temps là, y'a Adobe qui continue de rire dans son coin...

Sunday, September 2, 2012

Lecture : Autobiographie des objets de François Bon

Non, vous ne rêvez pas ! C'est bien un des ouvrages de la rentrée littéraire 2012 que vous voyez dans le titre ! C'est bien "Autobiographie des Objets" de François Bon.
Moi-même je n'en reviens pas. Pour autant, en ferais-je une critique littéraire ? Certainement pas. Une chronique de lecture tout au plus.

Déjà, avant de vous parler du livre, je vais vous parler de François Bon. Enfin de ce que je connais de lui : son travail et sa passion. Passion pour les livres, pour les mots, aussi pour les auteurs, et peut-être pour le numérique. Tout ça je l'ai découvert par son travail chez publie.net, un des éditeurs "pure-players" qui tentent depuis longtemps de défricher l'espace du livre-numérique en français, bien avant l'arrivée des "Gros éditeurs", ou industriels de la librairie et de la distribution culturelle.

Il faut aussi que je vous dise qu'il m'a donné un accès "Service Presse" à sa collection, dont j'use finalement assez rarement, mais avec grand bonheur, comme par exemple quand j'ai lu Baby Foot, de Thierry Crouzet. Ce livre-ci ne fait pas partie du Partenariat, et je l'ai acheté, comptant le partager avec ma mère, bien plus littéraire que moi.

Et puis encore une petite digression pour indiquer que si j'ai mis "pure-players" entre guillemets, c'est déjà parce que le terme est anglais, et d'autre part que publie.net s'est récemment diversifié en démarrant http://publiepapier.fr, où les livres issus de la collection publie.net sont imprimés (à la demande), avec en "bundle" un code permettant l'accès la version numérique. Oui, tout le monde en parle, tout le monde l'espère et ça y est. Et en bonus spécial, c'est compatible du prêt en bibliothèque... OOOUUFFFFF ! C'est bon, mangez-en !

Bon, ça y est, le préambule est passé, on va passer à un petit plat de résistance : le livre.

Alors, cette Autobiographie des objets ? C'est en fait une pêche aux souvenirs. L'auteur sélectionne dans sa vie des objets, et pour chacun invoque les souvenirs et réminiscences s'y attachant. Derrière eux resurgissent souvent des anecdotes bien sûr, mais aussi des émotions, des odeurs, des envies diffuses, des jeux, cris et rires d'enfants. Tout en pudeur, habilement effleurées par les objets, mais rarement de front, on devine aussi les contours de sujets évités, peurs, douleurs ou tabous.

Si j'ai aimé ce livre, ce n'est pas tant pour ce qu'il dit (même si j'y ai découvert une enfance "provinciale" loin dans le passé et de ma banlieue Parisienne) que pour tous les échos que ces objets ont fait resurgir de mon histoire personnelle. Pour certains de ces objets, des rappels de ceux que je découvraient chez mes grand-parents, identiques ou se rapprochant de ceux décrits, et du coup mes propres émotions dans ces moments de découvertes. Et puis encore un autre écho, de sélection à mon tour d'objets de mon enfance, l'envie de les convoquer à mon tour pour tirer à la surface ces morceaux de ma vie.

Processus fractal ? un début en tout cas. Un feu d'artifice de souvenirs en fait, chacun en appelant d'autres.


4 étoiles et demi, n'entachant le 5 que des DRMs et de la déception d'un prix peut-être moins équitable que dans mes lectures "indépendantes".

Saturday, September 1, 2012

Who's asking for DRMs ?

I reported a few days ago about the hurdles the Chief Editor of a Webzine had to jump over before reading an ebook the way he wanted (in fact, he can't, except by bypassing the DRMs). Someone commented that the DRMs were often asked by the authors or their agents. That's right, I've sometimes seen author specifically choose DRMs, but it's not (by far) the majority. It probably comes from a distinct sampling, mine being more self/indie published centered.

However, it is easy for everyone to point at authors, even when communication comes from top-management (Arnaud Noury, CEO of Hachette Books). One could say that by having this posture, Arnaud Noury is protecting his authors by taking responsibility of their wishes. But in that case, how can you explain the kind of strong-arming which Cory Doctorow reported a few weeks ago, in which the Publisher forces authors to use DRMs even against their wishes ?

Sure, if publishers explain authors how DRMs are better (billy club in hand), no wonder they agree to ask for them.
And when I write about publishers, editors, agents, authors, I don't speak of individuals, who in their majority are against DRMs, but as the resulting outcome : majority is outvoted by the fewer DRM proponents, with a clear result of having DRMs on most of the ebooks. That's not only too bad, but also counterproductive, hinders cultural progress (short, and long term), but also (I think) creates copyright infringement habits.

But all the onus is not on publishers, agents or authors... ebooksellers have their part too.  They could for example put some pressure on publishers, or reach a little bit midway by implementing Watermarking solutions as an additional option, alternative to full-scale DRMs. Publishers, if you're against DRMs, but don't feel like cutting all copyright protection, why don't you ask for it, like J.K.Rowling (among others) did ?
Watermarks are not perfect, sure, but it is way more customers respectful, and will have less backlash and long term negative effect.