Wednesday, July 18, 2012

J'ai failli acheter un ebook aujourd'hui...

De temps en temps, je regarde ma Timeline sur Twitter pour voir si des gens disent des trucs intéressants. Et vous me croirez ou pas, ça arrive parfois.  Il y a même des gens qu'on retrouve régulièrement à écrire des trucs intéressants, et du coup, quand ils mettent un lien vers un ebook, je vais regarder.

C'est comme ça que je me suis retrouvé sur un site marchand que je ne connaissais pas vraiment, sur la fiche d'un livre avec quelques bonnes critiques. Tout ça dans un genre qui me plait bien, sans DRMs... bref, j'ai failli acheter.

Le livre c'était "Aîla et la magie des fées", le site c'est UPblisher.com .

Le prix était un peu au dessus de ce que je mets d'habitude pour un auteur inconnu, et le livre n'était pas dispo chez Immateriel, alors du coup j'ai hésité. J'ai appris quelques échanges plus tard qu'il y avait une promo pour l'été (réduction de 30%) qui faisait rentrer le livre dans ma "grille" classique.

Et puis il y a eu ce tweet là qui m'a fait tilter. L'ebook était en exclusivité sur le site.

Vous me connaissez, les exclusivité c'est pas mon truc. Du coup j'ai regardé un peu mieux ce site marchand... Et vous me croirez ou pas, j'ai regardé encore, et encore. Et je me suis rendu compte de trucs bizarres. Et je me suis mis à penser à ces auteurs qui vendent leurs livres par cet intermédiaire... Et je me suis mis à pleurer.

Non, je plaisante. Vous savez bien, "Boys don't cry", j'ai pas pleuré. Mais sérieux, je ne comprends pas.
Je vous résume : l'auteur met les livres en exclu sur le site, pour une durée minimale d' 1 an. Il paie pour chacun un "abonnement" annuel pour la mise en ligne sur LE site (vous vous souvenez, exclusivité !), où il aura la chance de trôner parmi la trentaines d'autres ouvrages. Sur chacune des ventes, il touche 25% du prix.

Donc le service apporté est censé valoir 75% du revenu de la vente. D'habitude, dans ces cas là, on s'attend à ce qu'il y ait une équipe éditoriale mise ne place au grand complet (et encore, en numérique, on trouve déjà que c'est un peu abusé) : relectures, corrections, design de la couverture, frais marketing... Ben non. Là, de manière exhaustive, on a le formattage à partir du fichier Word,   (couverture ?), et la commercialisation sur leur site (uniquement).



Edit : J'ai échangé quelques mails et tweets avec le service, tous parfaitement polis et professionnels (y compris après publication de ce billet), et au cours desquels mon interlocutrice Catherine Vaillant m'a précisé :
Chaque publication est l’aboutissement d’un travail approfondi avec l’auteur. 
C'est bon à savoir, et finalement, qui suis-je pour en douter ?



Et tout ça sans la possibilité de proposer le même livre ailleurs par d'autres canaux de vente.

Non, vraiment, je ne comprends pas. Chers auteurs, ça vous reviendra moins cher de le laisser dans son tiroir, et ce n'est de toute façon pas avec les 5 visiteurs chaque jour sur le site que vous allez rentabiliser votre "abonnement" ou diffuser votre livre.
Ce que je peux presque comprendre des auteurs qui publient chez Amazon dans le programme "Select", alors qu'Amazon a une force de frappe permettant sans doute de rentabiliser l'exclusivité, dans le cas présent, ça me semble tout simplement une impasse. C'est comme jeter votre manuscrit dans un puits, et faire le voeux que quand vous le ressortirez dans un an il y aura un ruban rouge "Goncourt" autour.

Je n'ai pas lu le contrat, mais il ne s'agit pas apparemment d'un contrat d'édition tel que conforme au Code de la Propriété Intellectuelle. De plus, la page qui en parle est assez cavalière :
- Voici un résumé, téléchargez le, signez, et Zou C'est Facile, Roule. Faites nous confiance, pas la peine de relire.

Bref, en tant que lecteur militant et respectueux des auteurs, je ne recommande à personne UPBlisher.com .
Et est il nécessaire de dire que je n'ai pas acheté le livre ?

(edit le 19 à 17:50 pour ajouter une mention plus précise du nom du site/service)
(edit2 : le 20 à 7:00 pour ajouter un supplément d'informations et un bout de réponse de UPBlisher)

Tuesday, July 10, 2012

Un mail de cerbère ... Partenariat

Dans ma chronique sur "Le souffle d'Aoles", je faisais état de mon mail "décourageant" vers l'auteur.
Pour le bien d'une conversation su Twitter, je le recopie ici, les points "marquants" grassés à postériori...


Bonjour (et désolé de répondre si tard).

Comme vous l'avez sans doute constaté, je suis assez "dissipé" sur mes
lectures, tant en tant que langue (plus d'anglais d'ailleurs) que de
genre, avec une prédominance toutefois pour la SF et le Fantasy. Je
pratique exclusivement les chroniques comme loisir, n'en tire aucun
revenu, et ai plus l'habitude de décider après lecture de chroniquer
un livre plutôt qu'avant.

Le mieux que je sois près à vous proposer pour l'instant est de mettre
le premier de vos livres dans ma pile (sans ordre de priorité qui
soit), et si après lecture je souhaite le chroniquer, je le ferais. Je
me réserve le droit de le chroniquer autant en bien qu'en mal.


Même si j'ai un peu de trafic sur mon blog, je ne peux pas vous en
garantir plus que ça, mais si vous appréciez ma chronique, je vous
autoriserais à la citer, ou la recopier en son intégralité, à
condition toutefois de garder un lien vers mon billet.

Enfin, étant donné que je boycotte Amazon, je ne publierai pas mon
commentaire chez eux.

Si ces conditions vous conviennent (et encore une fois sans garantie
de résultat), ce sera avec plaisir que ma Pile à Lire accueillera
votre livre, de préférence au format epub.

Cordialement,

Saturday, July 7, 2012

Lecture : Le Souffle d'Aoles

Jusqu'à récemment, je n'avais jamais reçu de demande explicite de faire une chronique de lecture d'un livre qu'on m'envoyait. J'ai eu souvent des "Service-Presse" (exemplaires gratuits) suite à mes demandes, ou des accès SP par des éditeurs que je connaissait, mais le message d'Alan Spade me demandant explicitement si j'étais intéressé par les deux volumes de sa série "Le Cycle d'Ardalia" était nouveau pour moi.

J'ai à vrai dire l'habitude de "piocher" ma lecture dans un tas, et cette proposition était assez nouvelle pour moi. Je lui ai donc répondu que j'acceptais de lire le premier, tout en le mettant en garde que je serais "sans pitié", et même ne garantissait aucune chronique.

Malgré mon mail épouvantail, il m'a envoyé le premier volume "Le Souffle d'Aoles". Et j'en ai fait la lecture.


Vous allez voir, l'intro est presque aussi longue que mon commentaire, désolé...

J'aime les livres qui dépaysent, et j'ai été servi. Si le parti-pris original de faire des héros presque (mais pas totalement) humains m'a surpris au départ, il s'est révélé tout à fait justifié par le choix de baser une part bien plus importante à d'autres sens que la vue. De même, les paysages grandioses, et sauvages, cette omniprésence de l'air et du vent ont tout fait pour me projeter dans un univers différent. L'action, fréquente mais pas trop, est bien menée et bien écrite, les personnages pas inintéressants. On sent que l'univers a été pensé et réfléchi...

Ce livre plutôt pour ados a tout ce qu'il faut, du début à la fin... sauf un détail : le personnage central est un peu fade. Jeune et impétueux, il aurait pu faire un nouveau "d'Artagnan". Sauf qu'il est constamment bridé, soit par ses mentors et alliés, soit par le "destin" qui ne le récompense pas dans ses initiatives. Si l'intrigue avance, c'est il me semble plus par les autres personnages que par lui-même. Je ne peut même pas dire qu'il est passif, il est moteur. C'est juste que ce n'est pas lui qui fixe la direction. Je pense que les ados (et moi) préféreront de manière générale un personnage plus "directif".

Heureusement, cette tendance s'estompe à la fin de ce premier volume, ce qui laisse présager un second bien meilleur. Pour autant, malgré tout les bons cotés de ce livre, je ne pense pas lire la suite.

Trois bonnes étoiles pour un livre honnête. Sans vraiment plus. Et une salutation à l'auteur pour le courage de passer outre mon mail "cerbère"...

Thursday, July 5, 2012

"Règles de l'écriture" selon R.A. Heinlein

Sur son blog, Dean Wesley Smith fait référence aux 5 règles de l'écriture "pro" selon Robert A. Heinlein, notamment appliquées à l'écriture numérique.


Je vous invite à consulter le billet (comme la plupart de ses billets, ainsi que ceux de son épouse , Kristin Kathryn Rusch), ainsi que comme d'habitude les commentaires.


Parmi lesdits commentaires, plusieurs d'entre eux mentionnent la sixième règle, explicitée par Robert J. Sawyer. En cherchant un peu (un clic), et je suis tombé sur ce lien : Heinlein's Rules

Avec l'accord de l'auteur, j'en ai fait une traduction, que j'espère raisonnablement fidèle. Il faut noter que le billet initial a été écrit en 1996, et s'applique donc à "l'industrie" du livre tel qu'à cette époque, sans donc la même liberté d'auto-publier que nous avons aujourd'hui.

Il y a de nombreuses règles pour écrire avec succès mais les plus connues, du moins dans les genre de fiction-spéculative, sont les cinq décrites par feu Robert A. Heinlein, auteur extraordinaire.
Heinlein disait qu'il n'avait aucun scrupules à donner ces règles, même si elles expliquaient comment devenir un compétiteur direct, parce qu'il savait que presque personne ne les suivrait.
Dans mon expérience, c'est vrai : si vous partez d'une centaine de personnes qui disent vouloir devenir auteur, vous perdez la moitié des restants à chaque nouvelle règle. Au moins la moitié des gens qui entendent chaque règle n'arriveront pas à la suivre.
Je vais partager les 5 règles d'Heinlein avec vous, et ajouter ma propre sixième.


Règle Un : Vous devez écrire
Ca semble ridiculement évident, n'est-ce pas ? Mais c'est une règle très difficile à suivre. Vous ne pouvez pas vous contenter de dire que vous voulez devenir écrivain. Vous ne pouvez pas vous limiter à prendre des cours, ou lire au sujet du processus d'écriture, ou réver de vous décider à le faire n jour. Le seul moyen de devenir écrivain est de vous planter devans votre clavier et vous mettre au boulot.
Et n'essayez même pas de vous plaindre de ne pas avoir le temps d'écrire. Les vrais écrivains achètent leur temps d'écriture s'ils n'en trouvent pas autrement. Prenez par exemple Terrence M. Green, enseignant d'angalis en lycée. Son troisième roman, "Shadow of Ashland" sort tout juste chez Tor. Terry prends un an sur 5 en congé sans soldes pour écrire ; la plupart des auteiurs que je connais ont fait de pareils sacrifices pour leur art.
(Sur nos cinquante aspirant auteur d'origine, la moitoé ne va pas même se mettre à écrire quoique ce soit. Ca nous en laisse conquante...)

Règle Deux : Finissez ce que vous avez commencé
Vous ne pouvez pas apprendre à écrire sans amener une oeuvre à sa conclusion. Oui, les premières pages que vous sortez sont peut-être faiblardes, et vous pourriez être tentés de les jeter. Ne le faites pas. Continuez jusqu'au bout. Une fois que vous avez un premier brouillon global, avec un début, un millieu et une fin, vous verrez à quel point i est facile de voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Et vous ne maîtriserez jamais des choses comme l'intrigue, le suspense et le développement de personnages tant que vous n'aurez pas fini une oeuvre complète.
A propos : Si vous faites parti d'un groupe d'écriture, ne laissez pas les gens critiquer votre roman chapitre par chapitre. Personne ne peut correctement juger un livre sur un morceau pioché au hasard, et vous vous retrouverez avec toutes sortes de conseils inutiles : "cette partie semble inutile." "Et bien non, en fait c'est très important une centaines de pages plus tard..."
(Sur nos cinquante écrivains potentiels, la moitoé ne finiront rien, ce qui en laisse vingt-cinq encore en course...)

Règle Trois : Vous devez vous abstenir de ré-écrire, sauf sur ordre éditorial*
(* Note : Harlan Edison a complété cette règle : "et seulement si vous êtes d'accord" , cité par Dean Wesley Smith)

C'est celle-ci qui a causé des problèmes à Heinlein auprès des professeurs de création littéraire. Peut-être qu'il aurait été plus approprié de la formuler ainsi : "Ne bricolez pas sans fin votre histoire." On peut continuer de modifier, corriger et polir à jamais. Un vieil adage dit que les histoires ne sont jamais terminées,  juste oubliées -- Apprenez à abandonner la votre.
Si vous constatez que vos dernières corrections reviennent à remettre dans l'état d'une étape précédente, alors il est temps de pousser le bébé hosr du nid. Et même si de nombreux débutants ne le croient pas, Heinlein a raison : Si votre histoire est presque publiable, les éditeurs (au sens editor et non pas publisher) vous diront ce qu'il faut faire pour le rendre publiable. Certains magasinez à petit-tirage le font, mais vous aurez aussi des conseils par "Analog", "Asimov's" et "The Magazine of Fantasy & Science Fiction".
(Sur nos vingt-cinq auteurs restants, douze von ciontinuer de paufiner indéfiniment et se mettent hors-jeu. Douze autre vont finaklement décider leur oeuvre finie. Le vingt-cinquième, que vous avez coupé en deux, est maintenant désespérément à la recherche de ses jambes...)

Règle Quatre : Vous devez mettre votre histoire sur le Marché

Cette règle ci est la plus dure pour tous les débutants. Il ne suffit pas de se déclarer auteur professionnel. C'est plutôt un titre qui doit vous être donné par ceux qui sont près à vous payer pour vos mots. Jusqu'au moment où vous montrez effectivement votre travail à un éditeur, vous pouvez fantasmer être aussi bon que Guy Gavriel Kay ou William Gibson. Mais confronter ce fantasme à la réalité est très difficile pour de nombreuses personnes. Je connais une aspirant auteur canadien qui s'est débrouillé pour retarder de deux ans l'envoi de son livre parce que, disait-il, il n'avait pas de timbres américains pour les enveloppes auto-adressées. Et cela marlgré le fait qu'ils connaissait des dizaines de personnes qui allaient régulièrement aux USA et auraient pu lui en trouver, malgré le fait qu'il aurait pu traverser lui-même la frontière pour en acheter, malgré le fait qu'il aurait même pu se passer de timbres U -- vous pouvez acheter des "International Postal Reply Coupons" à la place, disponibles dans tous les grands bureaux de poste.
Non, ce qui lui manquait ce n'était pas les timbres, mais du courage. Il avait peur de savoir si sa prose était vendable. Ne soyez pas peureux : envoyez votre copie.
(Sur nos douze auteurs restants, six n'arrivent pas à se décider à envoyer leur manuscrit? Restent plus que six...)

Règle Cinq : Vous devez le laisser sur le marché jusqu'à ce qu'il soit vendu

C'est un fait : les oeuvres se voient rejetées tout le temps. Il est presque certain que votre premier envoi sera rejeté. Ne laissez pas ça vous arrêter. J'ai actuellement 142 lettres de refus dans mes cartons ; tous les auteurs professionnels que je connais en ont des tas (le prolifique auteur d'horreur canadien Edo van Belkom fait un très bon show lors des conventions SF appellé "Thriving on Rejection" (s'épanouir sur le rejet) dans lequel il lit des extraits des nombreuses lettre de rejets accumulées au fil des ans).
Si la lettre contient des conseils qui vous semblent pertinents, mettez-à-jour l'histoire et renvoyez la. Sinon, remettez la à la poste pour quelqu'un d'autre. Persistez. Mon propre record pour le nombre d'envoi avant de vendre une histoire est de dix-huit -- et finalement l'histoire a trouvé une belle maison (et en quelques jours, je l'ai de nouveau vendu pour une anthologie de re-impressions ; avoir une histoirte en impression la première fois ouvre de nouveaux marchés.)
Si votre histoire est refusée, envoyez-là le jour même à un autre marché.
(Encore une fois, sur les six auteurs restants, trois seront tellement découragés par ce rejet qu'ils vont abandonner l'écriture pour de bon? Mais trois continueront.)

Règle Six : Démarrez l'écriture d'Autre Chose
Celle là est de moi. J'ai vu trop d'auteurs  débutant travailler des années sur un seul et unique roman ou nouvelle. Dès que vous avez fini quelque chose, démarrez autre-chose. N'attendez pas que votre nouvelle revienne de l'éditeur à qui vous l'avez proposé; mettez-vous au travail sur un nouveau projet. (Et si vous vous retrouvez confronté à un blocage de l'écriture sur votre projet en cours, démarrez-en un nouveau -- un vrai auteur peut toujours écrire quelque-chose. ) Vous devez vous constituer un "corpus" d'oeuvres, si vous voulez vous compter parmi les écrivains pro.
Sur nos cent  aspirant-écrivains, seuls un ou deux vont suivre ces six règles. La question est : eserez-vous l'un de ceux là ? Je l'espère, parce que si vous avez au moins  un minimum de talent et que vous suivez ces règles à la lettre, vous y arriverez.

Note: 
Voici les règles telles qu'initialement présentées par Robert A. Heinlein :
http://www.writewords.org.uk/forum/65_64942.asp

I shall assume that you can type, that you know the accepted commercial format or can be trusted to look it up and follow it. Also, that you can spell and punctuate and can use grammar well enough to get by. These things are merely the word-carpenter's sharp tools. He must add to them these business habits:

1. You must write.



2. You must finish what you start.
3. You must refrain from rewriting except to editorial order.
4. You must put it on the market.
5. You must keep it on the market until sold.
The above five are amazingly hard to follow--which is why there are so few professional writers and so many aspirants, and which is why I am not afraid to give away the racket!


Maintenant que vous êtes dans la "confidence", et avez lu ces règles et l'interprétation qu'en fait Mr Sawyer, qu'en pensez vous ? Et dans quelles mesures sont elles applicables ? A votre avis, les arguments de l'auteur du billet sont ils encore valides, obsolètes ? Et rendent-eles à leur tour obsolètes les règles énoncées ?